Le silence, les secrets de famille, autant de non-dits qui peuvent détruire une vie, ou au moins faire éclater le bonheur familial.
Dans ce livre, Christian Carayon nous dresse le portrait d’une famille qui doit soudain faire face au passé, le passé du père qui n’a jamais rien raconté.
Nous sommes en 1984, dans une petite ville des Pyrénées Fontmile. On découvre dans la rivière, des morceaux de corps humain, une des victimes n’est autre que l’amie de François Neyrat. Son père, Pierre Neyrat, est chirurgien à l’hôpital de la ville. Cette famille fait donc partie de la bourgeoisie locale, il est donc tellement facile de la détester. Ils habitent une belle maison sur les hauteurs de la ville, et le chirurgien n’a pas une très bonne réputation morale dans la commune. Sur dénonciation de sa propre fille, Pierre Neyrat est arrêté et soupçonné de ces crimes.
S’en suit alors une longue analyse de ce foyer, François s’interrogeant sur la vie de son père, ses comportements, bien que froid, solitaire, et assez distant, est-il capable de perpétrer de tels crimes ?
Ce qui dessert le plus cet accusé, c’est en effet cette espace qu’il a instauré dans ses relations avec son fils et ses deux filles. La mère est une femme dévouée à son conjoint et ses enfants, elle les aime, les couve, les dorlote, elle leur montre de mille façons son attachement. Le père, lui, c’est tout l’inverse : il parle peu, ne participe que comme observateur aux repas de famille et autres activités de la vie quotidienne. Sur les pas de François, on repart dans l’enfance et la jeunesse de ce père, essayer de comprendre sa vie, ce qui l’a conduit à Fontmile, ce qui l’a poussé à partir de son village natal des Alpes. On parcourt avec lui les dernières années de la guerre, la reconstruction après 1945, et la vie de cet homme s’éclaircit, on comprend davantage ses comportements, ses silences, son besoin de s’isoler régulièrement dans une maisonnette dans la montagne.
Christian Carayon a une écriture très fluide, le roman en lui-même est assez lent mais par son talent, on ne ressent aucune longueur, aucun temps mort. Chaque phrase est à sa place et a son importance. Vous vous laissez emporter par l’histoire jusqu’au dénouement. Vous vibrez pour cette famille, et vous tournez les pages en espérant que chacun retrouve sa place, qu’ils finissent par retrouver le petit bonheur simple qu’ils avaient construit. Cette histoire est bien un polar, puisque le fil conducteur est l’enquête faite pour retrouver l’auteur des crimes, mais il s’agit également d’une démonstration sur ce que les secrets de famille peuvent engendrer et sur la façon dont la fin de la seconde guerre mondiale a marqué la vie dans les petites communes, où tout le monde connait la vie de ses voisins.
Un grand moment.
Marie-Laure.
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