Fateful Mornings
Traduction : Yannis Urano
Il était annoncé dès la parution du premier titre de Tom Bouman en France au début de l’année 2018 : son roman Dans la vallée décharnée (chroniqué de façon amène sur le blog à l’époque) allait connaître une suite, indépendante dans son intrigue mais se centrant sur le même personnage principal, Henry Farrell, flic de Wild Thyme, bourgade du backcountry de Pennsylvanie, aux limites nord-est de cet Etat, à la frontière avec l’Etat de New York.
L’officier Henry Farrell est chargé d’enquêter sur la disparition de Penny Pellings, une toxicomane notoire, à Wild Thyme. C’est le compagnon de la jeune femme qui a alerté la police après avoir découvert leur caravane sens dessus dessous et attendu le retour de Penny, en vain. Il a beau clamer son innocence, tout semble pourtant l’incriminer. Quelques jours plus tôt, Farrell avait en effet été appelé sur les mêmes lieux pour régler leur affaire de violence conjugale.
Au nord de la frontière pennsylvanienne, le corps d’un homme non identifié est bientôt retrouvé dans le fleuve Susquehanna.
Ces deux affaires pourraient bien être liées. Assisté du shérif et de la police du comté de New York, Farrell va devoir sortir de sa zone de confort, infiltrer la jungle urbaine, plonger dans les arcanes du trafic de drogue et arpenter à nouveau les collines du comté de Holebrook.
Les mêmes ingrédients qui avaient fait la qualité du premier titre se retrouvent ici : minutie de l’enquête policière, patience et ténacité du policier (du chasseur presque), connaissance intime d’un territoire et de la communauté qui l’habite, proximité avec la nature. Il y a une richesse du détail qui, incontestablement, installe sur la carte géographique et sur la carte de l’imaginaire le comté de Holebrook, Pennsylvanie. Il est bon aussi que la fiction littéraire replace aussi la temporalité d’une enquête policière, qui peut parfois s’étalée comme ici sur des mois parce qu’il ne se passe rien d’autre d’intéressant ou de nouveau qui s’y rapporte. Les enquêtes menées au pas de charge et bouclées en dix épisodes tendus n’existent pas toujours. Tom Bouman peut à loisir insérer dans le fil de son roman aspects sentimentaux, familiaux, sociaux, quitte à faire au final de son polar une chronique vive de cette humanité rurale. Quitte aussi à entrelacer les fils de l’intrigue et rendre perplexe le lecteur face à son dénouement. Le style (précis) est là mais peut-être qu’une partie de la force motrice du premier opus s’est égarée dans les brumes du matin. En tout cas, le cycle continue, une troisième enquête d’Henry Farrell a été publiée aux Etats-Unis. Elle nous ouvrira à nouveau la voie des collines.
Paotrsaout
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