Il faut dire que nous en avons assez de ces romans policiers avec des flics déprimés, carburant au whisky, des meurtriers qui philosophent, ou encore des macchabés, mis en scène de manière ésotérique. Maintenant, les meurtriers et les flics ont des airs de héros, ce sont des durs à cuir. Alors, on en vient à se demander où est passé l’humain dans la littérature policière ? Cette part animale, dissimulée au plus profond de notre être ?

Un matin, Jean Boyer, violeur à répétition et meurtrier, relâché après trente ans de prison, est tiré du lit par la police et le capitaine Germain.

Jean Boyer est accusé du viol et du meurtre de Marianne Locart, une étudiante en droit.

Pour la justice, les médias et les politiques préparants les présidentielles. Jean Boyer est le coupable idéal, dû à son passé.

Pourtant, le capitaine Germain doute de sa culpabilité, tandis que le suspect ne cesse de clamer son innocence.

Alors que tout est contre lui, Jean Boyer décide de débusquer le meurtrier de Marianne Locart.

Autant ne pas tourner autour du pot, ce roman est GÉNIAL !

On devine rapidement que l’auteur va nous bousculer, grâce à une intrigue finement pensée. Il nous ballade du début à la fin, et balaie toutes les théories auxquelles nous pensons d’un revers de chapitre ! Il nous apprend à nous méfier de tout le monde, même des victimes – ces victimes, que nous aimerions plaindre, mais qui deviennent antipathiques assez rapidement.

Et la technique employée par l’auteur est incroyable !

Qui aurait pensé qu’un meurtrier, et qui plus est violeur, mènerait l’enquête pour prouver son innocence ? Un meurtrier a le bon rôle – certains diraient que c’est gonflé… pas nous !

Pour enquêter, Boyer utilise son savoir appris en prison et ses pulsions – de la violence à l’état pur, mais pas que. Un peu de bon sens fait aussi l’affaire !

Ce qui est terrible dans cette histoire, est que cette ordure, ce parfait salaud de Jean Boyer, nous rend empathique. On le plaint et nous sommes gagnés par la colère de le voir accusé à tort.

Heureusement, pour faire passer la pilule, l’auteur nous caresse dans le sens du poil avec le capitaine Germain, jeune policier encore naïf, mais intègre et honnête. Et ce flic va croire jusqu’au bout à l’innocence de Boyer. Petit à petit, nous assistons à l’évolution de ce personnage, têtu comme une mule, qui ira jusqu’au bout de son idée, quitte à être à l’encontre de ses convictions et du système.

D’ailleurs, c’est l’un des thèmes de ce roman qui porte un regard critique sur la société. La justice et les politiques n’ont aucun scrupule à faire condamner un innocent, à manipuler les victimes, tant que le résultat leur permet de redorer leur blason ou de se faire élire.

Finalement, on se demande qui est le pire dans cette histoire où personne n’est ni blanc ni noir.

Je suis innocent est une bombe ! Avec ce premier roman, Thomas Fecchio prouve que le policier a encore de l’avenir devant lui. Un bel avenir, loin des trucs fadasses et mainstream dont les médias raffolent.

Merci à lui.

Bison d’Or.