Traduction: Jacqueline Chambon.
The Sinner est enfin traduit en français pour cette fin d’année 2019!!! Eh bien oui il faut savoir tout de même qu’il est sorti en Allemagne à la fin des années 1990 où il fit un carton puis aux États-Unis en 2008 dont l’adaptation en série en 2017 semble également briller par son audience de vues sur Netflix (adaptation clairement en dessous du roman pour ma part mais à tester).
Alors, préparez-vous psychologiquement pour supporter la lecture de The Sinner, la série étant très édulcorée pour ceux qui l’auront vu. L’auteur pousse son personnage principal Cora Bender très loin dans les méandres de la folie, de la persécution et de la torture mentale.
Dès les premières lignes, on perçoit que Cora est un personnage en souffrance et mortifère qui tente de vivre une vie normale et rangée avec son mari et son petit garçon jusqu’à cet après-midi ensoleillé au bord du lac. En effet, à proximité, deux couples s’amusent et se taquinent sur fond de musique quand Cora se lève et poignarde violemment l’un des hommes. S’ensuivent son arrestation et ses aveux, la suite ne fait aucun doute, incarcération à vie. Pour autant le commissaire Rudolf Grovian chargé de l’affaire tente de comprendre comment une femme d’apparence si douce et sans histoire a pu commettre un tel bain de sang.
C’est précisément à partir de là que tout devient terriblement captivant. Le commissaire va sonder Cora au plus profond de son être et plus on s’y enfonce et plus c’est obscur. Cora révèle une personnalité complexe liée à une enfance traumatisante et une partie de vie effacée dues à un gros traumatisme. Rudolph Grovian va tout mettre en œuvre et sa vie de côté pour disculper Cora. Chacun des flash-backs provoqués par le commissaire permet de reconstituer le puzzle de cette vie morcelée et à chaque nouvelle pièce retrouvée, l’histoire devient plus sordide, il faut vraiment le finir pour réaliser que tout est ciselé, finement écrit… bref une toile de maître dans un cadre de bois vermoulu.
La petite enfance de Cora est dure, crue, celle qui marque un enfant toute sa vie. Entre une petite sœur atteinte d’une maladie incurable dont elle est asservie, une mère totalement barrée, réfugiée dans une dévotion religieuse extrême et un père en dépression avec qui elle dort et assiste parfois aux masturbations, Cora tente encore de satisfaire tout le monde en vain.Puis son adolescence et sa vie de jeune femme où les rêves d’évasion vont la mener à de mauvaises rencontres, au sexe sale, aux drogues, à la perte de toute intégrité puis à ce fameux trou noir.
Enfin la reconstruction d’une vie ébréchée, la vie de famille et le meurtre…
L’intrigue est dingue, tendue du début à la fin, on grince des dents, on ferme les yeux, on se fait le film mais parfois l’image devient insoutenable, pas diffusable, quitte à s’auto censurer.
À lire impérativement si vous êtes bien dans votre tête, sinon passez votre chemin, ce roman ne pourra être qu’un déclencheur d’un drame assuré pour vous ou vos proches.
NIKOMA
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