Après “La poudre et la cendre” en 2017 et “ Les Dieux de Howl Mountain” en 2019 voici « Le fleuve des rois”, troisième grande épopée de Taylor Brown, auteur géorgien qui consacre son œuvre au passé proche et éloigné de son état natal. Si, dès la première histoire, on sentait qu’on avait affaire à un grand auteur, les deux suivants ont levé le moindre doute sur l’ampleur et la qualité de ses romans. Il a ainsi traité la guerre de sécession dans l’odyssée de deux enfants dans la tourmente de la Georgie sacrifiée, puis les “moonshiners” pendant la prohibition avec une érudition au service du lecteur et un talent de conteur de tout premier plan. “Le fleuve des rois” est antérieur à “Howl Mountain” et nous délivre une histoire méchamment ambitieuse se déroulant sur trois époques : le milieu du XVIème siècle, la fin du vingtième siècle et notre époque, les trois narrations convergeant pour raconter l’histoire d’un fleuve, forcément géorgien, l’Altamaha River, de l’arrivée des Européens à nos jours.
“Un an après le décès de leur père, Lawton et Hunter entreprennent de descendre l’Altamaha River en kayak pour disperser ses cendres dans l’océan. C’est sur ce fleuve de Géorgie, et dans des circonstances troublantes, que cet homme ténébreux et secret a perdu la vie, et son aîné compte bien éclaircir les causes de sa mort.
Il faut dire que l’Altamaha River n’est pas un cours d’eau comme les autres : nombreuses sont ses légendes. On raconte notamment que c’est sur ses berges qu’aurait été établi l’un des premiers forts européens du continent au XVIe siècle, et qu’une créature mystérieuse vivrait tapie au fond de son lit.
Remontant le cours du temps et du fleuve, l’auteur retrace le périple des deux frères et le destin de Jacques Le Moyne de Morgues, dessinateur et cartographe du roi de France Charles IX, qui prit part à l’expédition de 1564 au coeur de cette région mythique du Nouveau Monde.”
Le roman commence avec le périple des deux frères et au premier abord, on peut craindre de tremper dans un roman de nature writing, rythmé par le déplacement lascif des kayaks des deux frères.Mais cette première partie, qui se décline au départ comme un guide pour le fleuve, perd rapidement son côté informatif ou contemplatif pour laisser la place à une expérience beaucoup plus rude quand les deux frères entament des recherches sur le passé sulfureux de leur père et se frottent à son environnement naturel et humain pour découvrir les vraies causes de sa mort.
Parallèlement, Taylor Brown nous fait découvrir le passé de cet homme à la fin du XXème siècle et au début du XXIième quand il tente toutes sortes de magouilles pour sortir la tête hors de l’eau, faisant suite à des choix hors la loi, faisant suite à d’autres choix illicites peu couronnés de succès.
Ces deux parties fonctionnent bien malgré le manque d’empathie que distillent les deux frères et surtout leur père, sinistre personne à l’image du peuple qui vit et se cache sur le fleuve : trafiquants de drogue, braconniers, illuminés et tarés. Mais le meilleur est à venir, il réside dans l’histoire de ce corps expéditionnaire français qui débarque à l’embouchure du fleuve au XVIème. A un moment, un des personnages évoque le film Fitzcarraldo et c’est effectivement le monde d’”Aguirre, la colère de Dieu” du réalisateur allemand Werner Herzog qui vient rapidement à l’esprit. On se doute que dans ce Nouveau Monde rude, l’histoire sera tragique, que l’issue sera très incertaine, mais on ne se doute pas à quel point l’horreur sera au rendez-vous. La faute à des hommes rendus fous par la recherche d’un hypothétique or qu’on aurait juste à ramasser dans les Appalaches en amont du fleuve.
Taylor Brown aurait pu, aurait dû peut-être écrire un roman contant uniquement le calvaire halluciné de ces hommes et de ce cartographe royal Jacques Le Moyne de Morgues, tant ses pages sont fortes et tant il s’est documenté pour donner une image qui sonne très juste de ces Français perdus dans un enfer si loin de leurs vies et de leurs certitudes. Mais, l’objectif premier de ce roman était, je pense, de raconter l’histoire d’un fleuve, depuis son invasion par les premiers colons jusqu’à son marasme actuel et nécessitait donc plusieurs ancrages temporels pour bien voir l’évolution, la déliquescence d’un fleuve.
Si l’histoire est très forte, violente, admirablement menée et passionnante dans sa partie coloniale, intéressante dans ses deux autres intrigues, elle manque néanmoins d’une certaine tendresse pour les personnages que l’on trouvait dans les deux précédents. Par ailleurs, on peut reprocher, qui aime bien châtie bien, l’absence de voix féminines comme les extraordinaires Ma dans “Les dieux de Howl Mountain” et Ava dans “ La poudre et la cendre” pour contrecarrer la testostérone et l’adrénaline omniprésentes dans tout le roman.
Néanmoins, une fois de plus, Taylor Brown, avec talent et intelligence, emporte tout, laissant souvent le lecteur pantois, partageant l’hébétement et la terreur de ces aventuriers de la Renaissance.
1- “les dieux de Howl Mountain” est votre deuxième roman à paraître en France et le premier chez Terres d’Amérique” après “la poudre et la cendre” sorti en 2017 chez Autrement mais on ne vous connaît pas encore très bien ici, qui est Taylor Brown, l’homme pas l’auteur?
Ma photo est peut-être plus intimidante et plus mystérieuse que je ne le suis moi dans la vie. J’ai grandi sur les côtes de Géorgie et j’ai toujours été un raconteur d’histoires. Ma mère se souvient que quand j’étais gamin je n’arrêtais pas de lui raconter des histoires et qu’elle allait se réfugier dans la salle de bain et que je mettais à quatre pattes pour continuer à lui raconter par la fente de la porte. Et en fait, chez moi, beaucoup de gens doivent penser que je suis un créature un peu étrange parce que je m’installe toujours à la même place dans le même café pour écrire et les gens ne savent pas très bien ce que je fais et ne savent pas forcément que je suis écrivain. Dans le café où je vais tout le temps, ils ont posé une petite plaque de bronze pour dire que cette place m’était réservée. En tant qu’individu, je suis quelqu’un de très tranquille, j’adore les animaux, j’ai un petit atelier de réparation de motos que j’ai commencé avec mon père, je suis un mec normal. Beaucoup de mes amis auteurs enseignent mais je ne le fais pas. Je dirai que ma vie se sépare en deux: le temps que je passe à écrire et le temps que je passe à préparer des motos. Et ce travail m’aide à préserver la partie créative de mon esprit et de le conserver pour l’écriture parce que je suis pas en classe à parler de cela toute la journée.
2- Vous commencez votre carrière d’écrivain en 2014 avec “In the season of blood and gold”, ce recueil de nouvelles est-il le fruit de travaux d’écriture universitaires comme comme le font beaucoup d’auteurs américains débutants? Qu’est ce qui fait qu’un jour vous vous lancez dans l’écriture ?
Je n’ai jamais été dans un atelier d’écriture, d’ailleurs le seul atelier que je connaisse est celui que j’anime depuis peu de temps et je dirai que j’ai écrit des nouvelles à la manière d’un apprenti qui cherche à se faire la main. Faulkner disait que le plus dur pour un écrivain, c’était d’abord la poésie, ensuite la nouvelle et enfin le roman. Je pense que du coup, écrire des nouvelles est une forme d’apprentissage où on découvre l’écriture, la façon dont on gère sa relation à la page. J’aime énormément écrire des nouvelles. Et la majorité de mes romans sont nés de nouvelles.
3- Dans une ancienne tribune « How I accidentally wrote a Civil War novel », vous déclarez que vous n’aviez pas d’intérêt spécial pour l’époque de la guerre de Sécession mais qu’à écouter des vieilles ballades, un truc vous était venu. Toujours est-il, qu’avec trois romans (Civil War, années 1950 et l’évocation de l’expédition de Jacques Le Moyne au XVIe siècle dans The River of Kings) et des nouvelles qui s’appuient sur un contexte historique, vous ne pouvez pas dire vraiment que l’Histoire ne vous intéresse pas. On peut même trouver que cela vous met à part dans le paysage, un peu comme Tom Franklin. Ces histoires ne sont pas purement d’aujourd’hui. Quel est donc votre rapport à l’Histoire et comment ça joue dans votre travail?
Je reviens à Faulkner qui faisait dire à un de ses personnages que l’Histoire n’est pas morte, l’Histoire n’appartient même pas au passé. Ecrire sur le passé, pour moi, c’est d’une certaine façon parler du présent parce qu’ils se répondent, ils communiquent l’un avec l’autre et c’est souvent parce que j’ai envie de comprendre le passé pour assimiler le présent à la façon de quelqu’un qui soulèverait une pierre pour regarder ce qu’il y a en-dessous ou retirer un couvercle, les deux sont étroitement interdépendants. Et des choses dont j’ai parlé ici avec Paul Lynch et des amis écrivains aux USA, c’est qu’on déteste tous la façon qu’on a de dire d’un roman qu’il est historique. C’est vrai que l’Amérique a des problèmes en ce moment et qu’une des façons de les résoudre, c’est peut-être, de s’intéresser à notre propre Histoire au delà du mythe, au delà des idées reçues et justement écrire sur le passé permet d’aller voir les choses de près, de rétablir la vérité.
4- Vous avez quitté la Georgie pour vous installer en Caroline et vous parlez de la nature avec beaucoup de talent dans “les dieux de Howl Mountain”, les lieux, la nature sont-ils source d’inspiration pour vous ? Y a-t-il chez vous un amour de la Caroline du Nord comme chez Ron Rash et David Joy ?
Je partage ce même amour que Ron Rash et David Joy même si la Georgie me manque et avec ma compagne, nous avons l’intention de retourner en Georgie, de nous installer à Savannah et c’est vrai que j’aimerais pouvoir avoir la même relation que celle que Ron Rash a avec ce territoire où sa famille est présente depuis plus de deux siècles. Pour moi c’est un peu différent, mon arrière grand père n’était pas américain, il est venu du Liban à la fin du XIXème siècle et mon père a pas mal circulé. On est plus des voyageurs, des gens qui ont erré et qui n’ont pas du coup un endroit auquel ils sont réellement attachés mais bien sûr cet amour du paysage et de la terre est bien présent.
5- Depuis “ In the season of blood and gold” paru en 2014, vous avez sorti trois romans en 2016, 2017 et 2018, comment faites-vous pour tenir un tel rythme ?
Déjà c’est une question de discipline, j’écris tous les jours. C’est un peu une pratique comme la méditation. Si je n’ai pas ma dose quotidienne, je ne me sens pas très bien. La plupart du temps, j’ai toujours deux livres en route et je travaille toujours sur deux projets à la fois. Cela ne signifie pas que j’écris sur les deux chaque jour mais je vais, par exemple, travailler plusieurs semaines, plusieurs mois sur un livre et quand j’arrive à un moment donné où la situation se bloque, où je n’arrive plus à voir où je vais j’arrête et je reprends l’autre. Finalement, c’est souvent en écrivant le deuxième que je trouve les réponses aux problèmes posés par le premier. D’une certaine façon, travailler sur autre chose autorise mon esprit à chercher des solutions. Surtout, j’ai le goût du travail.
6- Dans “la poudre et la cendre”, vous décrivez de manière impressionnante les ravages créés par une armée en vadrouille et l’ hébétement dans les villages pillés et dans “ les dieux de Howl Mountain”, certains passages sont situés pendant la guerre de Corée, peut-on ainsi dire que les stigmates de la guerre sont au centre de votre oeuvre?
C’est une question que je me suis beaucoup posé: comment la guerre et les traumatismes de la guerre tiennent-ils autant de place dans mon oeuvre? Je ne suis sûr de rien mais j’ai deux réponses possibles. L’une, c’est que mon père a grandi au moment de la guerre du Vietnam, l’ombre et la menace qui planaient concernant le Vietnam a été un poids sur sa jeunesse et comme il allait être appelé sous les drapeaux il a pris l’initiative et il s’est porté volontaire. Il a obtenu son diplôme de fin d’études et est sorti de l’école d’infanterie la même année. Heureusement la guerre était en train de s’achever et il n’a pas eu à partir. C’est une menace qui a plané sur toute sa génération, lui a eu de la chance mais beaucoup de ses amis ont été envoyés au Vietnam, certains ne sont jamais revenus et les survivants sont rentrés bien amochés. J’ai été marqué par cette guerre et quand j’ai eu 19 ans, le 11 septembre a eu lieu. Même si beaucoup ont tendance à l’oublier aux USA, l’Amérique est en guerre depuis cette date. Le pourcentage d’Américains dans l’armée n’est plus aussi important qu’auparavant et ceux qui finissent dans l’armée n’ont pas eu beaucoup d’autres choix possibles dans leur vie et c’est vrai qu’on n’a pas toujours envie de regarder les choses en face. Et plus on s’intéresse aux conflits qui ont eu lieu dans l’histoire des Etats Unis, aux conséquences qu’ils ont eu pour la vie des gens et plus on est donc attentif, plus on prend en compte la menace de la guerre et ce qu’elle implique.
7- Beaucoup d’orphelins ou de personnages en manque de paternité dans vos romans, le hasard des intrigues ou un thème important pour vous?
Je n’en sais rien. J’ai eu un père très présent dans ma vie mais je dois dire que mon père a eu une relation difficile avec son propre père. mon grand-père avait fait quasiment tout le séminaire et s’apprếtait à devenir prêtre et au dernier moment il a renoncé pour épouser ma grand-mère. C’était un homme dur. Je me suis intéressé à la relation de mon père avec le sien mais j’ai eu de la chance, j’ai eu un père très présent. Donc, rien ne vient de ma propre histoire.
8- Les bagnoles et surtout les moteurs V6,V8, et V10 ainsi que les courses automobiles sont très présents dans l’intrigue de “les dieux de Howl Mountain”, c’était bien sûr une nécessité due à une intrigue sur les moonshiners mais n’est ce pas aussi le résultat d’une passion pour les vieilles cylindrées?
C’est vrai que c’est le résultat de ma passion. J’ai grandi entouré de voitures, de motos et c’est quelque chose qui m’est cher, une passion commune avec mon père. La voiture a aussi joué un grand rôle dans l’histoire des Etats Unis et elle était indispensable à l’intrigue de mon roman car on ne pouvait pas faire sans. Mais cela naît avant tout de cette façon que j’avais envie d’utiliser la voiture et de donner libre cours à ma passion. Les véhicules sont pour moi un objet de passion.
9- A la fin de “les dieux de Howl Mountain”, on a du mal à quitter un personnage comme Granny May et puis on se dit que peut-être la porte est restée ouverte à une suite. Qu’en est-il ?
Je n’y avais pas réellement pensé avant que j’arrive en France mais beaucoup de gens ici m’ont posé la question. C’est maintenant que je me dis pourquoi pas un jour. C’est celui de mes personnages qui pour l’instant m’est le plus cher. Pourquoi ne pas imaginer autre chose avec elle qui serait centré sur sa jeunesse. En tout cas, pour l’instant je travaille sur deux autres romans qui n’ont rien à voir avec elle, on verra cela plus tard.
10- Votre présence en France est en soi une reconnaissance, tout comme votre arrivée dans la prestigieuse collection Terres d’ Amérique. Comment percevez-vous cela ?
Je suis très honoré de rejoindre la collection Terres d’Amérique d’Albin Michel. J’apprécie beaucoup qu’à une époque où on a tendance dans l’édition à faire de la macro-économie, à tout voir de loin et à ne s’intéresser simplement qu’à des questions de budget et à s’éloigner de plus en plus du livre, j’ai le sentiment que chez Albin Michel et plus particulièrement Francis, on est encore “old school” en privilégiant le livre et en mettant la main à la pâte, en étant proche des auteurs.
11- Et puis la question que j’aurais dû vous poser et que j’ai omise par maladresse?
Ce qui incroyable, c’est que vous ne me posez pas toutes ces questions stupides qui sont mon lot aux USA: quelle est ma couleur préférée, qu’est ce que j’aime manger ? C’étaient de très bonnes questions.
Question à Francis Geffard: Quand retrouvera-t-on Taylor Brown chez terres d’ Amérique ?
Bientôt, très bientôt.
Entretien réalisé à Etonnants Voyageurs, le dimanche 9 juin 2019.
Merci à Taylor Brown pour la richesse de ce moment.
Merci à Francis Geffard, sans qui, une fois de plus, rien n’aurait été possible.
Merci à Paotrsaout pour l’aide aux questions.
Merci à Etonnants Voyageurs, grand festival à visage humain.
Le premier roman de Taylor Brown, “la poudre et la cendre” paru aux éditions Autrement en 2017 était une véritable réussite. L’odyssée de deux enfants au milieu des combats de la guerre de sécession mariait à merveille action et sentiments profonds avec description des paysages prouvant un réel amour de la nature tout en étant un terrible réquisitoire contre la guerre, montrant ses ravages pour ceux qui restent. Forcément, Taylor Brown était attendu au tournant avec ce deuxième saut dans le vide. Pour “les dieux de Howl Mountain”, il est passé dans la collection terres d’Amérique si coutumière des romans fort animés par des plumes exceptionnelles et il y est tout à fait à sa place.
“Hanté par la guerre de Corée, où il a perdu une jambe, Rory Docherty est de retour chez lui dans les montagnes de Caroline du Nord. C’est auprès de sa grand-mère, un personnage hors du commun, que le jeune homme tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines, que sa mère, muette et internée en hôpital psychiatrique, n’a jamais pu lui révéler. Embauché par un baron de l’alcool clandestin dont le monopole se trouve menacé, il va devoir déjouer la surveillance des agents fédéraux tout en affrontant les fantômes du passé…”
La Caroline du Nord regorge d’auteurs racontant son univers assez terrible par les ravages de la dope actuellement, la misère humaine, mais aussi la beauté d’un territoire que malgré, les problèmes, l’absence d’avenir, la criminalité… on a du mal à quitter. Après Ron Rash et David Joy, voici Taylor Brown, nouvel ambassadeur, plantant son décor dans les montagnes, dans l’univers des moonshiners des années 50, ces trafiquants de bibine qui approvisionnent tous les soiffards du coin en véhiculant l’alcool de nuit, “jouant” avec les forces de police corrompues et l’autorité fédérale.
A nouveau, Taylor Brown crée une histoire instantanément captivante avec les fantômes du passé difficiles à ignorer, avec des destins extraordinaires et des personnages Rory et surtout Ma qu’on comprend d’emblée et pour qui on tremble. Taylor Brown mène son histoire avec talent, perpétuant son amour de la nature par certains passages flamboyants et assénant à nouveau sur la guerre et ses conséquences pour ceux qui s’en sortent et pour ceux qui pleurent la disparition, l’absence de l’être aimé. Il y joint son amour personnel des moteurs, des grosses cylindrées.
Si pendant les deux tiers du roman, le suspense n’est pas exceptionnel, il règne néanmoins une ambiance bouffée par l’appréhension, la peur des exactions que l’on sait très prévisibles et forcément à venir, reste à savoir comment et quand le mal frappera et quel sera son vrai visage. On pourra aisément voir la parenté de Taylor Brown avec le Tom Franklin de “ La culasse de l’enfer” ou de “Braconniers” ou avec le très bon premier roman de Jon Sealy “Un seul parmi les vivants”.
Discrètement, trop discrètement, de chez Autrement nous arrivent de temps en temps de petites perles inoubliables qu’on n’avait pas pu venir. Sans entrer dans les détails, citons néanmoins « aucun homme ni Dieu » de William Giraldi, qui, je pense, aura durablement marqué ses lecteurs et puis aussi le dernier Woodrell paru en France « Un feu d’origine inconnue » ainsi que les romans de Nickolas Butler que j’ai beaucoup moins goûtés, il faut l’avouer. On pourra dorénavant ajouter à cette modeste liste d’immanquables ce roman de Taylor Brown « fallen Land » que m’avait fortement conseillé David Joy, l’auteur du marquant « là où les lumières se perdent » chez Sonatine l’automne dernier. Continue reading
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