The Patriots.
Traduction: Sarah Gurcel.
Nous voilà donc dans une fresque des relations américano soviétiques des années 1930 à 2008. Pour ce faire, l’auteur nous fait faire plusieurs allers-retours entre les Etats-Unis et l’URSS, entre les trois protagonistes principaux de cette immense histoire : Florence tout d’abord, jeune américaine, puis son fils Julian/Yulik et enfin son petit-fils, Lenny.
Florence est une jeune fille de Brooklyn, qui vit son adolescence et ses premières années de femme pendant la grande dépression aux Etats-Unis. Elle ressent un mal-être au sein de cette vie américaine, sa condition de femme, de juive lui ferme des portes. Pleine d’idéaux, elle décide de tout plaquer pour partir vers son eldorado, l’URSS, où pour elle existe la seule vraie vision d’un futur possible.
Sa vie dans la Grande Union Soviétique n’est bien sûr pas simple, elle comprend vite que ce nouveau monde n’est pas celui qu’elle espérait. Elle est, là encore, et même bien plus, obligée de lutter contre les absurdités auxquelles elle doit faire face, contre les privations et les préjugés.
Ne renonçant jamais, elle doit faire des choix, entre sa vie, son amour, son enfant, et son travail. Vivant sous un régime autoritaire, où tout le monde est surveillé et plus encore ces américains juifs immigrés, les options qu’elle prend ne sont pas toujours les bonnes et elle devra en payer le prix à chaque fois.
« Elle avait été la victime de son temps, de ses croyances politiques, de son obstination et de ses illusions. »
Aucun jugement dans ces pages, nous sommes confrontés à cette vie difficile sous ce régime autoritaire, et subissons les conséquences au même titre que Florence et sa famille.
Il s’agit à n’en pas douter, d’un récit sur ces 80 années de guerre froide où les Américains ayant choisi de tourner le dos à leur pays se retrouvent rejetés de tous, de leur propre pays mais aussi de ce régime qu’ils ont embrassé avec un espoir énorme sur sa justesse et sa droiture. C’est bien une fresque historique mais aussi une histoire d’amour, entre une jeune femme et un jeune homme, entre une femme et son enfant, entre une femme et ses rêves.
Nous découvrons la condition de ces hommes et de ces femmes de nationalités américaines mais qui deviennent russes par le droit du sol, de la condition de vie des juifs dans l’URSS, où nous découvrons que le moment où ils ont été le plus en sécurité s’avère finalement être pendant la seconde guerre mondiale. Staline avait besoin d’eux et la dictature sait se servir de chacun jusqu’à plus soif, pour leur tourner le dos quand ils n’apportent plus rien d’utile au régime.
Certes, le livre est imposant avec ses 590 pages, mais n’hésitez pas une seconde avant de vous plonger dans cette épopée. Vous découvrirez cette période de notre histoire pas si lointaine et vous vous plongerez dans cette histoire familiale dure, où les choix que nous faisons pour nous même se répercutent obligatoirement sur nos enfants et nos petits-enfants. Vous ressentirez de la tristesse, de la désillusion, de la colère parfois, mais vous découvrirez un texte riche qui vous transportera dans un appartement communautaire en plein cœur de Moscou, et c’est là la grande réussite de Sana Krasikov.
Marie-Laure.
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