Traduction: Serge Quadruppani.

Samourai derrière les barreaux lègue ou plutôt délègue son empire à Sebastiano et la représentation n’est pas chose aisée. Entre questionnements politiques, économiques, mafieux sécantes et sensibilités individuelles la ville de la Louve ressasse son passé et son histoire.

« Rome.

Sebastiano, représentant du Samouraï, leader incarcéré des mafias locales, tente de pérenniser son empire.

Le prochain jubilé relance les travaux publics et aiguise l’appétit de Fabio, étoile montante du trafic de drogue.

Martin, le nouveau maire, Polimeni, sénateur intègre et Malgradi, représentant des constructeurs, veulent leur barrer la route.

Bientôt, c’est l’escalade de la violence. »

 

Les déliquescences de systèmes politiques à l’orée des systèmes mafieux marque une jauge dans nos mondes contemporains. Rome dans son  incandescence, sa proximité avec les édiles religieux du Vatican lui confère une place névralgique de trois pouvoirs. Le trident se jauge, s’évalue, se tourne autour. Malgré une évidente volonté vertueuse d’offrir à la cité un équilibre, un souci de la communauté, la gangrène est là et bien là mais elle ne présente plus macroscopiquement la même devanture.

On prend alors conscience que la pieuvre reste immarcescible. Les atours contemporains de celle-ci faits de charme, de « respectabilité », d’intelligence ne masquent pas sa substance visqueuse, imputrescible. Face à un maire volontaire mais crédule, les tentacules se déploient, s ‘enroulent et étouffent sa proie. Ce personnage à la Lucien de Rubempré des Illusions Perdues de Balzac tente, force, se défend, manœuvre, propose son énergie pour le bien collectif mais le pouvoir derrière les tentures est implacable.

Les barbares et les Papes, Rome, Hier, Aujourd’hui. Pour l’éternité.  La suite de Suburra semble sans fin, semble éternelle. Nous, lecteurs, sommes happés par les plumes acérées du duo d’écrivains et amateurs de roman noir nous rendons les armes en nous laissant guider dans ce dédale sans issue.

Quant en sera t-il du futur, serons nous les tristes spectateurs d’une ville divine au prise avec des entités telles que l’épigone d’une race typiquement italienne…

« Ce poignard s’appelle « Miséricorde ». C’était l’arme avec laquelle, au Moyen Age, on finissait sur le champ de bataille les blessés intransportables. Les hommes pour lesquels il n’y avait rien d’autre à faire que de les confier au jugement de Dieu. Normalement, au terme d’une bataille, l’évêque s’inclinait sur les malheureux, leur administrait l’extrême-onction et puis, d’un signe de tête, ordonnait de procéder. La lame s’enfonçait à la hauteur du sternum et perçait le cœur. Un seul coup. Une « Miséricorde », donc. »

Comme le proclamait le tristement célèbre révolutionnaire Saint just aux racines bourbonnaises : « Ce n’est pas avec l’innocence qu’on gouverne ! »

Noir cendré…

Chouchou.