Traduction : Lucas Messmer (Suédois)

Le sable brûlant tâché de zébrures rouge sang dans cette partie orientales de la corne africaine sera le théâtre de deux drames parallèles initialement. Djibouti, ses forces internationales campées dans cette zone, proposent un épicentre propice à des dérives bien trop souvent motivées par un mercantile esprit. Et Grip l’homme qui devra faire face, qui devra gérer un embrouillamini à plusieurs bandes, révèlera des facettes polychromatiques. C’est ces ambivalences, la description de deux faces d’une pièce qui fera le sel du propos.

« Djibouti, au creux de la corne de l’Afrique. Un soldat suédois est tué sur un champ de tir. Les services secrets envoient l’agent Ernst Grip pour faire la lumière sur cette mort suspecte, mais sa présence n’est pas du goût de tout le monde. 
Pendant ce temps, une famille de quatre Suédois naviguant non loin de là, dans le golfe d’Aden, est capturée par des pirates somaliens. Leur vie est en danger, la pression monte pour le gouvernement, et c’est ainsi qu’Ernst Grip se retrouve bombardé négociateur et doit traiter avec les pirates. 
Pour résoudre ces deux affaires, Ernst Grip comprend qu’il va devoir recourir à des méthodes peu orthodoxes. Mais peut-on se permettre de rester dans les limites de la loi et de la moralité quand des vies humaines sont en jeu? »

Robert Karjel est lieutenant-colonel dans l’armée de l’air suédoise, pilote d’hélicoptère qui l’a amené à parcourir le globe. Il vit aujourd’hui à Stockholm et son précédent roman paru en 2016 chez DENOËL “Mon Nom est N. ” était le premier de la série d’Ernst Grip.

Grip, initialement au service de la garde rapprochée de dignitaires suédois, infléchira un parcours vers une enquête spéciale au cœur de l’assassinat d’un officier Scanien. Réticences et obstacles joncheront sa trajectoire dans le cliché de la guerre police/forces militaires. C’est, sans doute, lesté par son histoire personnelle proche que sa motivation, son  implication verront des hauts et des bas. Son instinct profond lui impose consciemment une alacrité de vérité. Sans s’offusquer ou se braquer du poids adjoint par la seconde affaire qui se greffe à la primitive, au contraire, les enjeux ayant une diamétrale opposition, il se trouve investi, régénéré par un « challenge » fort.

Bien que le récit soit linéaire et manquant probablement de cassures, de changements de rythme, l’avancée dans le roman obéit à des intérêts multiples. En premier lieu, comme explicité en liminaire, celui d’exposer les facettes du personnage principal avec justesse et cohérence. Les personnages secondaires ont une part prépondérante dans le décor et la dimension humaine de l’ensemble en soulignant des interstices d’un système vérolé, gangrené. Je pense que le roman aurait eu plus de consistance si les faces sombres avaient été appuyées en les surlignant dans un tempo fait de césures, de virages en épingles, de descentes brutales suivies d’ascensions nerveuses.

Le sable boit un sang qui ne coagule pas !

Roman efficace mais qui pourrait être plus punchy.

Chouchou.