On s’emmerde. Mais on s’emmerde ! Match nul. Zéro. Zéro. Zéro de chez zéro. I’m a poor lonesome corner : vous connaissez la chanson. Même pas un gusse venu poser un ballon sous mon petit étendard. Encore moins de danse du ventre et de contorsions limite obscènes autour de mon érectile petit membre de diamètre risible.
Poteau de corner en Régional 3, Ligue Normandie, tout riquiqui sous la pluie battante d’un dimanche d’octobre au beau milieu du Cotentin, spectateur passif d’un match engourdi, nul donc. Et c’est comme ça quasiment chaque semaine. Sérieusement vous trouvez que c’est une vie ? (Jean-Luc Manet)
Commencer un livre et une chronique comme ça c’est pas mal non ? D’autant plus c’est totalement faux, rien de plus éloigné que l’ennui des onze nouvelles de ce Rien à foot .
On cause, et on va causer dans les prochaines semaines, de plus de plus de foot. Nous aussi, chez Nyctalopes on aime le ballon rond. Mais ici, pas de stars rémunérées à coups de millions, ni de stades construits avec le sang d’ouvriers parqués loin de chez eux. Non, Rien à foot rassemble une équipe mixte, sacrée avancée, de joueuses et de joueurs du stylo, des touches de la machine à écrire, du clavier de PC.
Dans les cages et en pole position, Jean-Luc Manet déjà auteur de Trottoirs ou de Aux fils du calvaire. En quelques pages drôles et loufoques il nous conte l’histoire d’un vieux poteau sur qui les joueurs viennent se soulager. Lui-même se soulage d’ailleurs et c’est bien fait, sur la tête d’un joueur allemand dont on ne prononce jamais le nom, auteur d’un véritable attentat lors d’un célèbre France-Allemagne.
Dans ce petit recueil, le temps s’écoule aussi vite que la balle circule.
Jack Lamache nous transporte à Berlin en 1936. Il y invente un Allemagne-France. Problème pour les nazis, il y a dans l’équipe française trois joueurs juifs et un joueur noir. Les allemands ne peuvent pas perdre, et feront tout pour.
Jean-Noël Levavasseur, habitué des recueils collectifs, nous présente Alexandre, jeune agent qui s’apprête à signer son premier contrat. Le hasard, en l’occurrence Marius, ne fait pas forcément bien les choses et le samedi du chasseur de têtes tourne au vinaigre.
Le ballon est transmis au numéro 7.
Trop de précipitation pourrait m’amener à l’erreur. Rater mon coup ou, plus grave, me faire prendre. L’idée de devoir expliquer à des policiers mes motivations me faisait froid dans le dos. Ils devaient être eux aussi en train de regarder le match et leur dire que je ne supportais plus le soutien indéfectible et grotesquement sonore de mon épouse à une équipe de branleurs en short ne jouerait pas en ma faveur. (Julien Taillard)
Une coupe du monde c’est une nouvelle télé dans la vie de Sabine et son mari. Cette vingtaine de pages écrites par Julien Traillard nous renvoie en 1998 et nous fait vivre l’enfer de cet énorme raout footballistique retransmis dans le salon d’un allergique au foot, et par la même occasion instille un peu de sauvagerie dans le livre.
La Moldavie et la Transnistrie sécessionniste affleurent régulièrement dans l’actualité ces derniers mois. C’est ce petit bout d’Europe qu’a choisi Véronique Rey pour situer le meurtre d’un jeune joueur, Ismaël Diop. On y suit l’inspecteur Jouve tentant de trouver un début d’enquête dans cette trentaine de pages trempées dans la géopolitique contemporaine et les trafics divers. Pas étonnant que l’autrice évolue avec le numéro 9, son histoire est percutante, il serait dommage de passer à côté de « Carton noir ».
Impossible de parler de chaque membre de l’équipe, on peut dire que le ballon avance vite et bien, genre une touche de balle. Chacun y va de son histoire, on croisera Batman chez Frédéric Prilleux, on ira à Doha avec Sylvaine Reyre et à Boiscourt grâce à Grégory Laignel, quant au sélectionneur et numéro 10 de l’équipe de Rien à foot , Michaël Herpin, il invite notre Marseillaise dans un match opposant l’Italie à l’Angleterre. Et on fera même le ménage chez Jack Narval !
Laissons le mot de la fin au numéro 4, Christian Robin : Heureusement, le grand Benoît a rétabli l’équilibre en faisant sauter la rotule de l’ailier gauche des gars d’en face, comme ça c’était équitable, neuf contre neuf.
NicoTag
Plusieurs joueurs de foot célèbres ont tenté leur chance devant un micro, mais on n’est pas obligé de s’infliger un tel calvaire.
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