Dans le corps de la police judiciaire il y a un brigade spécialisée présentant une place à part. sa particularité, son image tient à la nature des problématiques gérées. On l’a vue dans Polisse, film événement de Maïwenn, là ce sont les compétences d’un graphiste et celles d’un documentariste/réalisateur qui permettent de pénétrer dans le quotidien de ce groupe de femmes et d’hommes qui sont aussi, pour une partie, des parents aux prises avec le sordide, l’abject, l’insoutenable, l’inconcevable qui pourraient générer un légitime sentiment atrabilaire….

« La Brigade de protection des mineurs (BPM) est l’une des six brigades spécialisées de la Police judiciaire parisienne. Elle traite près de 1600 affaires par an pour environ 80 enquêteurs, répartis en deux grandes entités : la Section opérationnelle et la Section Intrafamiliale. Entités auxquelles il faut ajouter le Groupe Internet, qui lutte contre le téléchargement et la diffusion d’images pédopornographiques. »

Titwane, l’illustrateur, concepteur graphique et responsable de la mise en page et Raynal Pellicer, réalisateur télévisé de documentaires et auteur de plusieurs livres, nous accompagnent en nous guidant dans cette troisième immersion suivant la Brigade de Répression du Banditisme, puis la Crim’. Et d’emblée on sent et l’on ressent une atmosphère non comparable aux deux services précités. Le total suivi des auteurs de ce docu illustré dans les enquêtes et des difficultés du quotidien tend à affirmer que le choix personnel pour cette brigade relève d’une mission, d’une vocation, voire d’un sacerdoce. Ils sont investis d’un cadre de valeurs, de préceptes éthiques, déontologiques appuyant d’autant plus le trait que ce groupe reste mu par une viscérale vision de leur profession.

Les descriptions n’épargnent rien ! Elles soulignent des faits, en lien avec les politiques de fonction publique, discordants entre la soi-disante volonté d’objectif de résultats et les moyens alloués aux protagonistes garants de ceux-ci. Remarquant les conditions de travail qui ne cessent de s’étioler insidieusement, on est soufflé de constater la pugnacité, allégée de légitimes états d’âmes face à de telles circonstances, et cette volonté inexpugnable de conserver un regard profondément humain dans ce cloaque répugnant, lieu de l’intersection des vilenies de notre espèce.

Les auteurs possèdent cette faculté d’honnêteté et de modestie de retranscription réalistes et objectives – un univers où la tension reste sous jacente, subconsciente. Les investigations détaillées tant du point de vue de l’enquêteur, que des victimes et des présumés responsables s’agrémentent d’un coup de crayon expressif, bannissant l’ostentatoire et le superflu. La plongée est totale et notre empathie est soumise à rude épreuve. C’est dans cette construction claire, didactique que l’on prend conscience de cette difficulté majeure de la distanciation face à des sentiments émergeants qui pourraient fausser la position neutre primordiale pour mener à bien une instruction ; rouage de base prépondérant afin de présenter un dossier au parquet permettant, éventuellement, de déboucher sur un procès étayé, basé sur des éléments concrets.

On ne peut que ressentir une profonde sympathie pour cette brigade au terme de cette lecture et des missions qui leur sont confiées.

Instructif et émouvant !

Spéciale dédicace pour Alex (s’il me lit il saura pourquoi…)

Chouchou.