Mirobole offre souvent des romans originaux, des destinations inédites et c’est certainement une bonne bouffée d’air frais car ces bouquins sont moins formatés que le reste de la production. Et ici, on remonte le temps avec ce roman grec datant de 1928 et sorti à l’époque sous forme de feuilleton, ce qui garantit des chapitres assez courts d’une part et des situations qui incitent à poursuivre sa lecture ardemment sans passages plus introspectifs qui pourraient lasser le lecteur d’une oeuvre feuilletonesque.

« Anti-héros et probable cas clinique, Nikos Molochantis, jeune rentier désœuvré, est prêt à tout pour obtenir son quart d’heure de célébrité. Il a donc la brillante idée de se faire passer pour l’assassin d’une femme retrouvée morte dans un quartier d’Athènes.Grâce à la presse fascinée par cette affaire, Nikos se retrouve enfin sous les feux de la rampe, suffisamment près de la guillotine pour être une vedette. Le stratagème parfait… À ceci près qu’il risque de fonctionner au-delà de ses espérances. ».

Que toutes celles et ceux qui craignent de lire une antiquité grecque se rassurent le style est moderne, peut-être le travail de Loïc Marcou le traducteur, et si l’intrigue policière n’a pas la puissance et la violence d’œuvres plus contemporaines, on peut tout à fait la comparer à certaines oeuvres du divin Sicilien Camilleri. Le ton est malicieux proche d’une fable dont je tairai bien sûr la morale.

Dès le début, on sait que ce jeune branleur Nikos va se retrouver le dindon de sa farce et il est assez jouissif de voir son plan pourtant « bien » préparé se retourner très vite contre lui et de le voir se frotter au peuple grec qui n’existait auparavant que pour mieux le servir.

Au fil des pages et des aventures et surtout mésaventures de Nikos, se révèle aussi un portrait de la société grecque de l’époque avec cette bourgeoisie oisive, un peuple vivant de combines et d’expédients, de journalistes véreux et de forces de police aussi apathiques qu’ incompétentes.

L’intrigue et la description de la société font de ce « Psychiko » une petite perle d’humour, qui, sans être irrésistible offre un bon moment de lecture décalé loin des tristes préoccupations modernes, un peu comme les vieilles comédies italiennes genre « le pigeon » de Monicelli.

Wollanup.