Traduction : Clément Baude.
« Pleasantville » est le troisième roman d’Attica Locke et le deuxième mettant en scène l’avocat Jay Porter, déjà présent dans « Marée noire ». « Pleasantville » a reçu le prix Harper Lee for legal fiction. Née à Houston, Attica Locke vit désormais à Los Angeles. Elle est également scénariste pour le cinéma et la télévision.
« Houston, Texas, 1996. Les élections municipales approchent, qui voient s’affronter Sandy Wolcott, actuelle district attorney du comté, et Axel Hathorne, l’ancien chef de la police. Pour la première fois, un Afro-Américain est sur le point de l’emporter grâce au soutien massif des habitants de Pleasantville, bastion de la middle class noire avec laquelle la famille Hathorne entretient des liens politiques et sociaux très étroits.
Alors que la campagne bat son plein, la jeune Alicia Nowell disparaît. S’agit-il d’une fugue? D’un crime de rôdeur? D’un coup tordu pour infléchir le cours de l’élection? »
Attica Locke nous entraîne dans les arcanes d’élections municipales à Houston, Texas. Si elle précise au début du bouquin que « toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait fortuite », on sent bien qu’elle s’inspire de faits réels. Son père s’est présenté lors d’élections locales et elle a sans doute pu apprécier dans la vraie vie les coups tordus qu’une campagne électorale pouvait déclencher… Et son roman sonne juste.
Elle décrit un monde très noir, glauque, où, les candidats et leurs équipes sont prêts à tous les coups bas pour gagner le pouvoir. Les voix des électeurs de Pleasantville, quartier historique de la classe moyenne noire en pleine évolution, sont nécessaires pour la victoire alors le meurtre de la jeune fille est instrumentalisé sans aucun scrupule. Collusion, manipulations, intimidation, les coulisses de ces élections sont vraiment peu reluisantes.
Jay Porter, le héros, ancien militant des droits civiques devenu avocat a défendu les habitants de Pleasantville contre une grosse boîte pétrolière qui leur pourrit la vie. Il a gagné son procès mais en attend toujours le règlement. 15 ans après « Marée noire », Jay qui a perdu sa femme, morte d’un cancer l’année précédente se démène pour assurer auprès de ses enfants mais n’a plus de ressort pour son travail et laisse péricliter son affaire. Attica Locke réussit ce personnage attachant en proie à la douleur du deuil et aux doutes qui se retrouve malgré lui embringué dans cette affaire de meurtre. L’enquête est bien menée, il y a du rythme. Mon petit bémol concerne les personnages secondaires moins fouillés, ils manquent d’épaisseur ou sont plus convenus. Cela aurait donné plus de puissance à ce roman intéressant au niveau social et politique.
Un portrait solide de la démocratie version texane.
Raccoon
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