Lamotte-Buleux, quelque part vers Abbeville, en 1972 vraisemblablement. Un triangle des Bermudes local où les auto-stoppeurs disparaissent, surtout s’ils ont l’air de hippies.
Lulu et Maurice Touvier y élèvent des brochets, c’est carnivore ces poissons d’eau douce, ça peut même être cannibale ; de là à manger des…
Depuis le marchepied, Mick, le guitariste soliste, examinait d’un air renfrogné les champs de betteraves qui s’étendaient à perte de vue. Il avait rejoint le groupe quelques mois plus tôt, une expérience qu’il considérait comme le point bas de sa carrière.
— Il se passe quoi, maintenant, David ? demanda-t-il.
— Problème technique que Miquette est en train de régler. Va te reposer, sois en forme pour ce soir, on va les tuer.
— Ouais, comme hier soir.
David soupira.
Sans vraiment le dire franchement, David déserte. Il n’aurait pas dû laisser les autres musiciens de Famyly en carafe sur une route au milieu de rien. Il se retrouve bâillonné, les mains liées, dans une fosse pleine de rats après avoir été pris en stop par deux crevards du coin.
Au même moment et pas bien loin, le bus à impériale des Wings, le groupe de Paul et Linda McCartney, tombe en panne. Doug Jones, batteur, est chargé d’aller trouver un mécano ainsi que de quoi manger et boire, pour fumer il y a tout ce qu’il faut. Lui aussi fait du stop. Le lendemain Doug n’est pas revenu, donc Paulo qui a faim et soif envoie Henry (McCullough probablement) au ravitaillement.
Entre quelques affectueux coups de pattes dans le derrière du milieu musical, Pierre Mikaïloff nous donne un petit cours rapide sur L’élevage du brochet en bassin clos (quel titre tout de même !). C’est gourmand comme bêtes, alors quand il y a quelques hippies en panne au bord de la route, les frères Touvier vont eux aussi au ravitaillement. Et c’est là que rien ne se passe comme prévu. L’auteur passe la cinquième et nous embarque dans une novella grand-guignolesque aussi déjantée que rustique, d’une ironie mordante au sens propre comme au figuré, et où l’hémoglobine coule à flots ; mais toujours avec le sourire.
NicoTag
Pierre Mikaïloff a ajouté quelques petites recommandations musicales à la fin, il a plutôt bon goût. Pour ma part et en étant tout à fait objectif, les Kinks restent au-dessus du lot.
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