Dans une campagne française inconnue, ordinaire, se joue le conte de la folie ordinaire.
« Très tôt, Joël, garçon taciturne et craintif, a été soumis à l’autorité du Père, une brute expéditive, ancien héros de la Résistance, sous-off’ « efficace » et acharné en Algérie. À sa mort, Joël, un taiseux comme le sont parfois les gens de la campagne, reprend la ferme du Vieux et va se libérer… De sa famille et de tout le reste… Avant de commettre cet horrible crime… Emprisonné et en attente du jugement, il est devenu « le Monstre », celui pour lequel « on » rétablirait bien la torture et la peine de mort… »
Sous la coupe d’un père violent un enfant voit son jumeau partir accidentellement. Son éducation, sa construction propre seront à jamais marqués par cet événement. On assiste alors à une genèse psychopathologique d’un être désincarné par son histoire, ses histoires sous le sceau de la brutalité, la mort, la culpabilité, et ses répercussions.
C’est alors LA rencontre, on pourrait affirmer UNE rencontre, qui accouchera d’une atrocité sans nom, résultante d’une route chaotique, cabossée, sombre. Les questions évidentes se posent alors : pourquoi ? Comment ? Quoi faire ? Car oui quoi faire dans pareil cas. Doit-on abolir la peine capitale ou la proroger ? La population s’incline « naturellement » vers la première option. Lecteurs nous avons une trame d’existence permettant de posséder les tenants et les aboutissants. Devant un tel déchaînement de fureur, de perte de sens commun on prend conscience de la criminopathie de Joël et de ses origines. Sa froideur, son sens de l’ellipse et son détachement face à l’événement est glaçant d’un cas concret en l’espèce ; un psychopathe se définit par ses racines, son vécu et la somme des éléments le fondant.
D’ Ovidio nous assène une littérature de mots tirée d’une Thompson, d’un riot Gun, nous balance sèchement dans des cordes sèches et abrasives. Les cartouches sont de la chevrotine qui éjectent des phrases lacérantes, transfixiantes. Gelé par le ton, gelé par le récit, on recherche une chaleur qui se traduit par une profonde et sincère empathie d’un littérateur pour son personnage qui reste, malgré tout, humain !
Tétanisant mais révélateur…!
Chouchou.
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