Nous étonner est une habitude propre aux éditions du Caïman dont nous ne cessons de vanter le travail, auteurs compris. Et Les gens comme Monsieur Faux de Philippe Setbon ne déroge pas à la règle. Au noir, ajoutez-y un peu d’humour ainsi qu’une dose de philosophie. De cette alchimie, ce roman distingué vous tombera entre les mains.
Au chômage, largué par sa femme partie avec son associé, le jeune Wilfried Bodard a décidé d’en finir et de se jeter dans la Seine. Alors qu’il s’apprête à plonger dans les eaux sombres, il est interrompu par un élégant sexagénaire, M. Faux.
Wilfried ne va pas se suicider cette nuit-là, mais sa vie va basculer dans un long puits sans fond : car M. Faux, sous ses dehors affables, est un prédateur, un tueur en série implacable, qui commence à faire le vide autour de Wilfried. Pourquoi ? Parce qu’il l’a pris en affection. Mais aussi parce qu’il ressent le besoin de transmettre son « art » et qu’il croit avoir trouvé en Wilfried le disciple idéal.
Alors que les cadavres s’accumulent, Naomie une jolie capitaine de police se met à rôder autour de Wilfried, à la fois attirée par lui et le soupçonnant d’être l’insaisissable assassin de jeunes femmes qui écume Paris et ses environs.
Tiraillé entre les plans machiavéliques et la présence de plus en plus menaçante de M. Faux et sa relation compliquée avec Naomie, Wilfried va devoir marcher sur une corde raide, très raide, pour s’arracher à ce cauchemar sans fin.
Wilfried est un personne qui a tout perdu, femme, emploi et amis. Il est en proie au désespoir. On ne peut pas parler de personnage déprimé mais plutôt, ça se vérifiera au cours du roman, d’un homme spleenétique. Oui, Wilfried Bodard, dans son immense détresse est un personnage poétique.
Nous le suivons des quais de Seine jusqu’à cette rencontre avec Monsieur Faux en passant par quelques déambulations dans Paris suivis de quelques arrêts chez papa et maman. Wilfried se laisse porter, se laisse faire, se laisse manipuler.
Et ce n’est pas anodin que Wilfried Bodard rencontre Monsieur Faux sur les bords de Seine, quelques instants à peine avant de se suicider. Qui dans un accès de désespoir n’a pas souhaité tout foutre en l’air ? Qui n’a pas laissé son inconscient ou une force extérieure inexplicable prendre l’ascendant sur sa conscience pour le pousser à faire quelque chose de regrettable ? C’est un état d’esprit que Monsieur Faux à bien compris et sait manipuler.
Monsieur Faux est un élégant sexagenaire maniéré et imbu de sa personne.. En somme, Monsieur Faux est un trancheur de gorge détestable. Et Monsieur Faux songe à transmettre son savoir en vue d’une retraite prochaine alors quoi de mieux que de sélectionner un âme perdue et faible. Monsieur Faux va tourmenter Wilfried, le pousser dans ses ultimes retranchements afin qu’il commette l’irréparable. Il détecte en Wilfried un tueur né. Pour Wilfried c’est le début d’une période de peur et de rage, un cercle vicieux qui le plonge dans le mensonge et la fuite.
Au cours de notre lecture on se demande si Monsieur Faux n’est pas un personnage inventé de toutes pièces par Wilfried à l’image de ce diable dans une bulle qui en pousse certain à commettre de grave méfait dans les bandes dessinées.
On se demande si Monsieur Faux n’est pas cet élément perturbateur pourtant annonciateur d’une aube meilleure ou plutôt le passage de l’adolescence à l’âge adulte. C’est ce qu’il semble être dans cette histoire.
Bison d’or.
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