Mireille et Marie ont vécu silencieuses de longues années, à porter seules, ensemble, leur anormalité. Pour ces soeurs jumelles autistes, les coups ont été encaissés très tôt : la mort du père, l’alcoolisme de la mère, une société violente et déshumanisante. Ballottées d’une famille d’accueil à l’autre, meurtries par des blessures profondes, celles que l’on disaient douces, calmes et timides, décident, à la suite d’un énième renvoi chez leur mère, de se faire justice elles-mêmes.
C’est le début d’un périple qui les mène du nord au sud de la France, à la reconquête de la place qui leur revient. Furies assoiffées de vengeance, les deux soeurs traquent un à un leurs anciens tortionnaires, infligent rigoureusement leurs châtiments, sans exception. Et, lorsqu’elles arriveront enfin face au dernier des coupables – le plus surprenant –, iront-elles jusqu’au bout de leur plan ?
Cela faisait un petit moment que je n’étais plus allé regarder ce qui faisait du côté de chez Philippe Rey. Enfin, ça n’est pas tout à fait exact, disons plutôt que ça fait un petit moment que je n’ai rien vu de chez Philippe Rey qu’il me semblait pertinent d’évoquer sur Nyctalopes. La dernière fois, ce fut Une déchirure dans le ciel de Jeanine Cummins. Cette fois-ci c’est Vengeresses, le premier roman de Peggy-Loup Garbal, sur lequel j’ai jeté mon dévolu.
Premier constat, le livre ne pèse pas lourd. 126 pages seulement ! C’est court. Très court. Mais est-ce trop court ? Pas ici. Enfin pas vraiment. D’un côté, c’est un peu trop expéditif par moments, mais d’un autre, ça fuse comme il faut pour être percutant. L’écriture de l’autrice se veut directe, sans détour, une façon d’aller droit au but sans prendre le risque de s’éparpiller. Mais les sujets sont néanmoins nombreux : les relations familiales, la gémellité, l’autisme, la différence au sein de la société, la maltraitance, la vengeance et j’en passe. Peggy-Loup Garbal reste parfois trop en surface mais ouvre la porte à la réflexion. Elle allume la mèche et donne matière à débattre.
Avec Vengeresses je ne peux m’empêcher de penser à ce genre cinématographique assez controversé dit du « rape en revenge ». Pour les novices en la matière, ce sont généralement des films qui reposent sur une histoire de viol(s) suivi d’une vengeance brutale et punitive. C’est un peu le fil conducteur du livre. Comme qui dirait, pas le temps de niaiser ici. Nos deux jumelles ont la ferme intention d’en finir avec ceux qui leur ont fait du mal au cours de leur vie, une vie qui se dévoile par bribes, au fur et à mesure que l’on fait route vers ce qui devrait être le grand final de cette petite expédition. Mais comme le livre se lit très rapidement, je ne peux trop en dire, au risque de vous divulgâcher l’intrigue.
Pour une première, Peggy-Loup Garbal ne prend pas de pincettes en écrivant Vengeresses et c’est franchement appréciable. Un roman tout en tension, aussi lapidaire qu’ardent. On n’a pas le temps de s’ennuyer, ni de jouer la fine bouche.. Un début encourageant. On attend de lire la suite.
Brother Jo.
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