Traduction:Claude Bleton.
Immersion directe dans l’univers carcéral ibérique des années 20 où se dessine l’histoire de ce pays au travers de remous et remugles locales et mondialistes.
« Années 20, à Madrid. Un vent de révolte souffle sur la Moncloa, la plus grande prison pour hommes de la capitale. Un jeune journaliste incarcéré, double de l’auteur Ramón Sender, interroge la société, ses raisons d’enfermer et de nuire à la liberté individuelle. À travers de longues conversations, celui-ci devient l’ami du Vent, qui incarne à travers ses sifflements la colère des détenus. Syndicalistes, homicides, escrocs, ouvriers, gitans aux parlers forts en gouaille, ceux-ci se rebellent contre la rigueur des conditions de détention… une mutinerie sévèrement réprimée dans la violence par la pénitentiaire. «
Ne vous attendez pas à une resucée livresque des « Green River » de Tim Willocks ou autre « Meurtres pour Rédemption » de Karine Giébel, on est bien face à un objet de son temps et de sa littérature contemporaine. L’ouvrage trouve sa genèse en 1926 et s’inscrit alors pleinement dans le parcours étatique de la dite période. On est en plein régime dictatorial de Primo de Rivera et l’auteur consigne alors sa propre expérience dans ce récit puisqu’ il sera incarcéré dans les événements du soulèvement de l’ académie d’artillerie de Ségovie.
Nous ne sommes donc pas dans l’univers poisseux et torturé des deux auteurs précédemment cit »s mais bien plus dans une écriture à la Paul Morand, un discours, une investigation journalistique digne d’Albert Londres.
Roman présentant différents prismes, il se décompose à l’image d’un feuilleton. On y perçoit initialement un certain lyrisme empreint d’allégorie. Le vecteur, le fil rouge symbolique du vent s’impose alors comme le trait d’union, le messager des existences des prisonniers…. Puis le texte s’infléchit vers une trame sociologique, politique et décrivant les classes de cette société balancée dans les cordes d’un état sans voix, au prise au despotisme et l’asservissement des pensées.
L’auteur se sert donc des affres personnelles de son existence pour parfaire un tableau réaliste mais ironique de son pays. Au travers de descriptions de personnages bigarrés et issus de différents univers sociaux, il nous montre et démontre la violence et l’âpreté du despotisme de son époque.
Lyrique, poétique, paradoxal comme un article d’une édition tentant de promouvoir les littératures dans ses formes picaresques mais n’oublions pas notre plongée dans la détention sous ce régime abject!
Chouchou.
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