Traduction: Josée Kamoun

« Rachel et son amie Alison, dix ans, sont très intriguées par la maison du 11, Needless Alley, et par sa propriétaire qu’elles surnomment la Folle à l’Oiseau. D’autant plus lorsqu’elles aperçoivent une étrange silhouette à travers la fenêtre de la cave. 
Val Doubleday, la mère d’Alison, s’obstine quant à elle à vouloir percer dans la chanson, après un unique succès oublié de tous. En attendant, elle travaille – de moins en moins, restrictions budgétaires obligent – dans une bibliothèque et trouve refuge dans le bus numéro 11, pour profiter de son chauffage et de sa chaleur humaine. Jusqu’à ce qu’un appel inespéré lui propose de participer à une émission de téléréalité. 
Quelques années plus tard, dans un quartier huppé de Londres, Rachel travaille pour la richissime famille Gunn, qui fait bâtir onze étages supplémentaires… souterrains. Piscine avec plongeoir et palmiers, salle de jeux, cinéma, rien ne manquera à l’immense demeure. Mais plus les ouvriers s’approchent des profondeurs du niveau –11, plus des phénomènes bizarres se produisent. Si bien que Rachel croit devenir folle. « 

Pas réellement attiré par la littérature anglaise, je reste néanmoins l’un des grands fans de Jonathan Coe et si je regrette un peu de ne plus trouver dans ces derniers romans la même ambition qu’ autrefois,  la lecture de ses productions reste toujours un grand moment d’espoir qu’il nous refasse le coup d’un « testament à l’anglaise » ou bien du duo extraordinaire « bienvenue au club » « le cercle fermé », magnifiques histoires à l’humour mordant et portraits très caustiques de ses contemporains les nantis dans le premier nommé et de la gente anglaise dans les deux autres.

Le nombre 11 à l’origine de ce « numéro 11 » peut évoquer « Downing street » et ce n’est pas un hasard car le pouvoir britannique est encore bien tancé dans cet opus mais c’est aussi le onzième roman de l’auteur  sorti outre-manche le 11/11 / 2015.

Le roman se veut aussi une suite de son grand succès « testament à l’anglaise » mais l’auteur a été tellement impitoyable avec les Winshaw (famille noble, héros de son roman) dans le final, qu’on peut se demander comment il allait pouvoir donner une nouvelle vie à cette branche familiale si peu épargnée à l’époque, en 1996. C’est d’ailleurs avec ce roman que les curieux pourront découvrir l’auteur car, les trois premiers romans précédents, publiés en France après le succès retentissant de « Testament… » ne valent quand même pas  pas tripette.

Moins une suite qu’une évocation de la famille Winshaw « numéro 11 » est formé de cinq histoires sur une vingtaine d’années sans vrai lien apparent entre elles …a priori, traitant chacune d’un aspect de la vie sociale, politique ou économique britannique. La finance, les divertissements télévisés, l’agroalimentaire et la presse sont autant de sujets traités avec importance ou en filigrane dans des histoires dont le simple lien semble être un rapport avec deux petites filles rencontrées dans la première partie.

Si le roman connait des épisodes très réussis, il faut reconnaître que certaines parties malgré la belle plume de Coe sont plus…vaines ou ne provoquent pas le même engouement chez un public moins au fait du monde de la perfide Albion. Même en étant un fan inconditionnel d’ un auteur qui semble par ailleurs avoir perdu une partie de ses compétences humoristiques qui rendaient ses romans si délicieusement « so british », force est de reconnaître, hélas, une tangible mineure déception. Dans la satire sociale, Coe était évidemment bien plus brillant dans son diptyque « bienvenue au club, le cercle fermé » et l’apparition d’une certaine forme de fantastique, pour moi, n’améliore pas réellement l’ensemble.

Même si le roman est somme toute plaisant à lire, il séduira en priorité  les inconditionnels de Jonathan Coe.

Average.

Wollanup.