Après TRAIT BLEU, ROUGE ECARLATE, NU COUCHÉ SUR FOND VERT et JAUNE SOUFRE, Jacques Bablon poursuit la chromatisation de ses romans hauts en couleur avec NOIR CÔTÉ COUR. Mais s’il ajoute toujours de la lumière à sa palette, la toile demeure toujours très, très noire, du très joli noir même.
“Paris. Un immeuble ancien avec une cour pavée. Cinq étages. Fin de semaine calme. Si ce n’est que… Que la grosse fête au quatrième chez ces trentenaires bien dans leur époque tourne mal. Qu’au premier, un des deux Lettons de passage dans la capitale a pris un éclat de grenade GLI-F4 dans le dos et saigne comme un bœuf. Que l’homme du deuxième qui a accueilli une sans-papiers ne rêve que de la baiser. Que la belle étrangère sait particulièrement bien calmer les ardeurs des hommes qui se croient tout permis. Que le jeune du cinquième connaît tout des horreurs commises par le salaud du deuxième et qu’il ne va pas en rester là. Que l’importateur de pistaches qui habite au troisième a pris une balle dans la tête. Mais qui pourrait affirmer que dans ce nid de vipères l’amour ne pourrait pas éclore ?”
En moins de deux cents pages, en quelques heures, Bablon est capable de vous inventer des intrigues barjes, partant parfois très loin dans le délire mais qui à l’arrivée sont impeccables. Bablon raconte des histoires de gens ordinaires un peu barrés qui commettent des crimes bien ordinaires mais il le fait d’une manière peu académique. En le lisant, on l’imagine bien accoudé à un zinc parti dans son histoire, y ajoutant sa gentille folie, et prenant un réel plaisir à combler, surprendre son auditoire. Je pense que Bablon nous fait vraiment cadeau de ses histoires, qu’il prend son pied à les imaginer, à les écrire et à les faire partager. Peu de descriptions, débrouille-toi avec le cadre… débrouille-toi avec les détails sur les personnages. Pas le temps de traîner, l’intrigue cavale, les situations se succèdent à un rythme de malade, rebondissements, coups de théâtre et surprises.
Toujours un peu barrés, pigmentés d’humour noir, les romans de Jacques Bablon ne sont que des esquisses mais recèlent aussi toujours, en sous couche, des thématiques plus profondes comme ici les migrants, les mouvement sociaux récents, les “combats” de la jeunesse, les femmes. Jacques Bablon est un observateur pointu de la vie qu’il raconte si bien.
Tout commence par une goutte d’eau qui tombe sur un plancher… Roman à la machette, du grand art !
Clete
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