Traduction : Myriem Bouzaher.
Niccolo Ammaniti est un écrivain italien reconnu, avec des livres traduits dans une quarantaine de langues, des adaptations cinématographiques pour plusieurs de ses romans et des prix pour « je n’ai pas peur » et « comme Dieu le veut ». Il livre ici un roman post-apocalyptique étonnant où seuls des enfants ont survécu, dont il a eu l’idée selon sa traductrice en regardant des enfants jouer, livrés à eux-mêmes sur une plage.
« Sicile, 2020. Un virus mortel, « la Rouge », a déferlé sur l’Europe quatre ans auparavant et décimé la population adulte ; les jeunes, eux, sont protégés jusqu’à l’âge de la puberté. Anna se retrouve seule avec Astor, son petit frère de quatre ans.
Elle doit affronter le monde extérieur avec ses cadavres, ses charognards, ses chiens errants et affamés, l’odeur pestilentielle, pour trouver, quand il en reste, des médicaments, des bougies, des piles, des boîtes de conserve, avec comme unique guide dans cette lutte pour la survie, le cahier d’instructions que lui a légué leur mère avant d’être emportée par la maladie.
Lorsqu’Astor disparaît, Anna part à sa recherche, prête à défier les bandes d’enfants sauvages qui errent à travers les rues désertes, les centres commerciaux et les bois. Mais l’ordre appartient au passé et les règles d’autrefois ont été oubliées. Pour réussir à sauver Astor, Anna va devoir en inventer de nouvelles, parcourant ce monde à l’abandon où la nature a repris ses droits, ne laissant que les vestiges d’une civilisation qui a couru à sa propre perte. »
Les adultes ont disparu et les enfants qui ont survécu sont contaminés à la puberté… Niccolo Ammaniti nous donne à voir un monde effrayant, angoissant, un monde d’enfants perdus qui doivent grandir sans repères, sans morale, sans éducation…Ils grandissent en sauvages, se racontent des histoires, s’inventent des mythes incongrus.
C’est un monde violent où chacun lutte pour survivre, un monde d’enfants tout de même où la denrée la plus rare est le pot de nutella, où les trocs se font sur des valeurs étonnantes. Même cruels, même violents, ils restent des enfants ignorants qui prennent des médicaments s’ils en trouvent quand ils sont malades mais n’importe quoi et n’importe comment ! Les personnages sont crédibles : les meneurs, la violence, la versatilité…
Anna approche de l’adolescence, elle était assez âgée au moment de l’épidémie pour savoir lire et se réfère comme à une bible aux instructions de sa mère pour survivre, un soutien que beaucoup d’autres n’ont pas. Par loyauté envers sa mère, elle veille sur son petit frère, elle lui raconte des horreurs magiques pour l’empêcher de voir les vraies, le protège du chaos extérieur… Anna est un personnage magnifique, d’une grande force. Son envie de vivre et de sauver son frère lui donne le courage d’affronter ses peurs et les dangers. Son seul espoir est des trouver des Grands qui auraient survécu, trouvé un vaccin, car elle grandit.
Niccolo Ammaniti nous entraîne dans un véritable cauchemar, on suit ces enfants perdus avec angoisse, en tant qu’adulte, on ne peut que voir que l’humanité est en train de s’éteindre par la disparition progressive de ses représentants les plus dépendants, innocents abandonnés. C’est stressant et on se prend à espérer avec Anna qu’il reste un Grand de l’autre côté de la mer…
Angoissant, implacable, un livre terrible qu’on dévore malgré tout.
Raccoon
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