Même pour une année comme celle-ci, lors de laquelle j’ai l’impression de pas avoir lu la moitié de ce que je lis d’habitude, il est très difficile d’extraire seulement dix titres à retenir et encore plus compliqué d’en faire un « top ». Voici donc les dix livres que je retiens, sans pour autant les hiérarchiser : chacun fait son chemin dans ses différences et sa singularité.
« Underworld : romans noirs » de William R. Burnett dans la collection Quarto, Gallimard.
Cinq romans réunis en un seul volume, quelle riche idée ! et une plongée magnifique dans les sources du roman noir, nouvelle traduction, que du bonheur ! (Traductions Jacques-Laurent Bost, Minnie Danzas, J.-G. Marquet, Denise May)
« Le nuage et la valse » de Ferdinand Peroutka aux éditions de la Contre Allée.
Un roman époustouflant jamais traduit en français avant que la Contre Allée ne s’en empare, grâce à la traduction de Hélène Belletto-Sussel. Rescapé des camps lui-même, Peroutka écrit un seul roman, un chef d’œuvre : « Le nuage et la valse ». Pour en savoir plus il vous faudra le lire !
« Prémices de la chute » de Frédéric Paulin aux éditions Agullo.
La suite de « La Guerre est une ruse » confirme le talent indiscutable de Frédéric Paulin. On appréhende souvent les « suites » mais chez Paulin ce deuxième opus s’imbrique parfaitement au premier et continue de décrypter avec minutie la montée en puissance des mouvances islamistes au début des années ’90. Vivement le troisième ! (prévu au printemps 2010)
« La Fabrique des salauds » de Chris Kraus chez Belfond.
Koja et Hubert, Caïn et Abel sur fond de régimes totalitaires. Ce roman risque de vous faire perdre définitivement la foi en l’humanité. Et pourtant : les salauds, tout comme les monstres, ne sont que des êtres humains. L’histoire de la seconde moitié du 20e siècle en 900 pages : de Riga à Munich, de Munich à Loubianka, de Loubianka à Tel Aviv. De la SD à la KGB, de la CIA au Mossad. Foncez ! (Traduction Rose Labourie)
« Il était une fois dans l’Est » de Árpád Soltész aux éditions Agullo.
Et Bam ! Absolument magistral ! Amateurs de folklore et d’ambiances kitch, passez votre chemin. C’est violent, parfois répugnant, c’est peuplé d’hommes avides de pouvoir, de quartiers pauvres, de villages laissés à l’abandon. C’est le visage d’une certaine Europe, aujourd’hui. (Traduction Barbora Faure)
« Le Second disciple » de Kenan Görgün dans la collection EquinoX des Arènes.
Un rescapé 2019 à côté duquel j’ai failli passer, rattrapé in extremis grâce aux retours excellents des lecteurs que j’apprécie et dont je suis les conseils sans crainte. Et en effet, ce serait dommage de rater ce roman incroyable de maîtrise, dont les personnages crèvent les pages – à défaut de crever un écran – et le face à face de Xavier et de Brahim, deux faces de la même monnaie, deux destins réunis dans le terrorisme. Une analyse très fine de la société belge – par extension de la société occidentale -vient cimenter un récit déjà bien stable sur ses pieds.
« Le Ghetto intérieur » de Santiago H. Amigorena chez POL.
Roman magistral autour de la culpabilité ultime et de la résurgence d’une identité par son versant tragique. Il n’y a pas une ligne, un mot de trop. Vraiment indispensable.
« L’Echo du temps » de Kevin Powers chez Delcourt Littérature.
J’aurais tellement aimé qu’on en parle plus, tout comme « Un autre tambour » de William Melvin Kelly dans la même maison d’édition. Ce sont des textes forts, tant sur le fond que sur la forme – un labyrinthe narratif parfaitement maîtrisé chez Powers, un point de vue narratif unique chez Melvin Kelly. On apprend, on s’étonne, on se révolte : des romans à lire et à faire passer. (Traductions par Carole d’Yvoire pour L’Echo du temps et Lisa Rosenbaum pour Un autre tambour)
« Le Sang du Mississipi » de Greg Iles chez Actes Noirs.
Une fin de trilogie en fanfare, excellent rattrapage de l’auteur après un tome 2 un peu mou. Avec ce troisième opus Greg Iles vous en donne pour votre argent et plus encore : c’est tendu, malin, et encore explosif à quelques reprises. J’envie vraiment ceux qui ne l’ont pas encore découvert de pouvoir s’accorder ce plaisir. (traduction Aurélie Tronchet)
On ne se refait pas, cette plongée rythmée par de gros riffs au cœur des années ’90 en a ému plus d’un(e) et j’en fais partie. Brian et Gretchen, nom de Dieu ! Mais quel plaisir de lecture ! (traduction Estelle Fleury)
Monica.
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