Traduction: Fanny Wallendorf.

Phillip Quinn Morris est né en 1954 dans l’Alabama et y a vécu une partie de sa vie, notamment comme  pêcheur de moules de rivière dans la Tennesse River comme les personnages de son premier roman daté de 1989 que les éditions Finitude nous offrent aujourd’hui à découvrir. Son second roman sera lui aussi édité et puis ensuite plus rien, malgré plusieurs tentatives qui s’avèreront infructueuses auprès des éditeurs américains. A sa sortie, « Mussells » que nous découvrons ici sous le titre de « Mister Alabama » a connu un franc succès dans les librairies indépendantes du pays et a été encensé par Harry Crews ce qui n’est pas rien.

« Mud Creek, Alabama, été 1979.
Alvin Lee Fuqua, ex Mister Alabama, a 28 ans et un rêve : devenir Mister America, pour passer à la télé dans un talk-show & se faire remarquer & devenir acteur & jouer dans des films avec Burt Reynolds. Un bien beau rêve, contrarié par un problème de hanche.
Alors Alvin a changé ses plans – adieu gloire et bodybuilding, cap sur la fortune grâce à la pêche aux moules. C’est bien plus sûr et lucratif que la contrebande de whisky. Alvin plonge dans la rivière et remonte des moules grosses comme le poing.
La vie des plongeurs est paisible à Mud Creek, jusqu’au jour où le meilleur d’entre eux, le plus âgé, le plus futé, le plus costaud, mais aussi le plus solide buveur de la Tennessee River, le mentor d’Alvin, le légendaire Johnny Ray, s’écroule, victime du mal des profondeurs. »

Une bande de potes entre 25 et 40 ans, des plongeurs qui pêchent dans les fonds boueux de la Tennessee River, des amis qui squattent chez Alvin pour quelques nuits, des soirées d’ivresse, des pauses dans la vie de couple, passent une énième soirée très arrosée et au matin, gueule de bois et surtout Johnny Ray, leur héros, leur mentor, leur grand frère raide mort laissant une veuve et deux orphelins et des amis effondrés. Plus rien ne sera pareil dans leur gentil bordel, tous ces grands gosses vont comprendre que leur ancienne vie faite d’insouciance, de secrets cachés, d’espoirs enfouis, oubliés dans l’alcool ou la marijuana est terminée. Leur baroud d’honneur particulièrement éthylique lors des obsèques marquera la fin d’une époque.

Chacun, à sa manière, va tenter de se reconstruire et c’est par l’intermédiaire d’Alvin, un mec bien, placide, bonne pâte quand il n’a pas bu que l’on va suivre le destin de ses amis qui ont perdu leur « guide ». Cliff, vétéran du Vietnam tombe amoureux de la soeur d’Alvin comédienne barrée anorexique, Freddy a des problèmes avec ses plants de marijuana, Donna, la veuve de Johnny Ray nymphomane, perd pied et confie ses deux enfants à Alvin avant de venir s’installer chez lui, de manière naturelle, pour elle. Alvin, quant à lui veut redevenir Mister Albama et même accéder au titre de Mister America et reprend le bodybuilding de manière forcenée en appliquant des méthodes d’entraînement farfelues combinées à un régime dangereux à base de stéroïdes.

« Mister Alabama » n’est pas un polar, juste la chronique d’une communauté rurale de l’Alabama à la fin des années 70 où les héros se nomment Burt Reynolds et les Rolling Stones. Commencé comme une grosse farce, le roman perd peu à peu de son outrance pour aller vers plus de gravité malgré les frasques des uns et des autres qui perdent pied chacun à leur manière. Une fois la lecture terminée, reste le souvenir très agréable d’un bon roman, original, prenant, touchant, sachant diversifier les situations, provoquant de multiples émotions sans avoir l’air d’y toucher.

Humain.

Wollanup.