Marre des bouquins écrits à la chaîne, sans réelle saveur particulière, ressemblant tant à d’autres déjà écrits, parus, vendus? Un peu de lassitude ? Allez faire un tour à « Booming » paru en 2015 si vous l’osez, vous ne serez pas déçus et pas vraiment en terrain de connaissance.
Mika Biermann est un auteur allemand, exerçant la profession de guide de musée à Marseille et écrivant en français. Anarcharsis avait déjà sorti « un blanc » que j’avais remarqué sans trouver le temps pour le lire et Biermann est aussi édité par P.O.L. et son dernier roman daté de février 2017 « sangs » a eu les éloges des Inrocks notamment.
« Nous voudrions nous rendre à Booming.
– Booming ?
Le barman chauve expédia un mollard dans le crachoir.
– Personne ne va jamais à Booming.
-Pourquoi pas ?
-N’y a rien là-bas. »
Dès le départ, ils le savent pourtant mais Lee Lighttouch et Pato Conchi, sorte de duo à la Don Quichotte et Sancho Panza complètement inconscients, abrutis ou téméraires décident d’aller néanmoins dans ce village du far-west pour retrouver Conchita chère à Conchi, retenue prisonnière d’un outlaw nommé Kid Padoon.
On est dans un western, le fond est bien là, le décor aussi…quoique. Au cours de cette brève intrigue on rencontrera bien des outlaws, des indiens, le marshall, le croque mort, le patron de saloon, la mère maquerelle et ses filles, des potences et des pendus, des Mexicains, des duels, des drames, des règlements de compte, des parties de poker, mais avec un ton particulièrement jubilatoire. Il y a une vraie atmosphère dans ce roman, une pas banale, c’est certain car il y a quelque chose qui déconne gravement à Booming et on le comprend très vite, une fois dans la ville dans les pas de Lightouch et Conchi.
Le temps ne fonctionne pas comme ailleurs à Booming, il peut se ralentir comme s’accélérer, prendre ses aises pour qu’une balle atteigne sa cible, devenir fou, une espèce de temps sous substances prohibées. On est dans la quatrième dimension, celle du temps, telle que l’a présentée Einstein dans sa théorie de la relativité. Alors, dit ainsi, je sais, cela ne fait pas forcément envie et pourtant, si vous cherchez à être ébranlé, secoué, trimballé, « Booming » est pour vous. Reprenant tous les canons du western traditionnel, Biermann, par son anarchie temporelle, propose un roman détonant engendrant un chaos particulièrement drôle et il réussira à vous perdre à de multiples reprises tout en vous lançant quelques indices pour comprendre pourquoi le personnage mort dans le paragraphe précédent, évolue maintenant comme si rien n’avait eu lieu.
Un grand foutoir de cent quarante quatre pages, qui, si vous avez suivi avec sérieux, prendra un certain sens à la fin, après un temps de réflexion néanmoins pour ma part. L’ éditeur parle d’un western quantique. Peut-être, je ne sais pas trop et j’éviterai de me prononcer mais sûr un beau bordel.
Barré !
Wollanup.
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