Gallimard inaugure une nouvelle collection consacrée à l’espionnage. Le directeur est Marc Dugain et les lecteurs de notamment Les larmes d’Edgar sont sûrs qu’il sera le garant d’une qualité et d’un sérieux que l’on trouve également dans le reste de sa bibliographie. Derrière le pseudo de Maury-Victor se cachent les deux auteurs de Des hommes sans nom: Marc Victor, romancier de Le bout du monde chez JC Lattès et scénariste de la série Kaboul Kitchen et Hubert Maury, ancien officier et diplomate et qui se consacre maintenant au dessin et à l’écriture de romans graphiques.

“Octobre 2017. Daesh perd du terrain. Un mystérieux cacique de l’organisation islamiste contacte les services français et déclare vouloir faire défection. Victoire Le Lidec, jeune analyste de la Direction générale de la sécurité extérieure, déçue par les perspectives de carrière qui lui sont offertes, décide de frapper fort. Son objectif : instrumentaliser le recrutement de ce transfuge pour monter sa propre opération de contre-terrorisme. Personne au sein de sa hiérarchie n’y croit, jugeant le projet trop complexe.

Seul recours pour Victoire : manipuler son ancien instructeur, Nikolaï Kozel, ex-légionnaire et légende vivante de la Boîte, qui maîtrise comme personne le métier d’officier traitant. Kozel n’est pas en bonne posture : le contre-espionnage français le soupçonne de compromission avec une puissance étrangère.”

Le renseignement comme l’espionnage a beaucoup évolué depuis Le Carré et Littell, grands maîtres du genre. James Bond et MI lui ont trop souvent donné un éclat hollywoodien qui ne correspond pas à la vérité du terrain, le travail ingrat et invisible de celles et ceux, qui tels des fourmis, s’évertuent à trouver une vérité derrière des comportements. Le récent conflit en Ukraine a montré l’importance de ces armées de l’ombre, le caractère primordial du renseignement humain.

Ce premier roman de la collection traite une affaire française, ce qui est peut-être plus facile d’accès pour le public ainsi qu’un théâtre des opérations déjà connu au Pakistan et en Afghanistan, gros dossier de la géopolitique du XXième siècle. S’il fallait résumer rapidement l’impression donnée par ce roman, on pourrait dire que c’est très proche de la série  Le bureau des légendes. 

Solide, sérieux, documenté et didactique quand nécessaire, le roman se lit bien, ne bascule pas dans l’excès, traite cette histoire de retournement avec beaucoup de finesse en prenant bien en compte la psychologie des différents personnages. Addictif malgré une fin légèrement précipitée, on fonce dans une fiction qui finalement nous amène vers la réalité d’un attentat commis en France à l’époque.

La collection publiera de deux à cinq titres par an et outre des romans, (Paysages trompeurs de Marc Dugain à l’automne), elle sortira aussi des mémoires, des récits et des témoignages marquants. Nul doute, que Des hommes sans nom ouvert à un public large, donne un ton juste et contribuera certainement à un bon démarrage de la collection.

Clete.

PS: Les éventuels aménagements futurs des couvertures de la collection ne pourront qu’être bénéfiques.