Traduit de l’italien par Anais Bouteille-Bokobza

 

Le milieu carcéral a ses prisons, une île possède aussi des caractéristiques similaires, édulcorées. L’ouvrage se propose de nous relater les thématiques de l’enfermement, de la sociologie dans cette communauté codifiée, hiérarchisée.

« Depuis le tréfonds d’une cellule s’élève une voix. Celle d’un homme emprisonné pour avoir enlevé la fille d’un patron local, surnommée «la Princesse du café». Le jour où il tue un gardien, il est alors condamné à perpétuité et décide de tout raconter : les relations entre gardiens et détenus, les rivalités et la solidarité entre les prisonniers eux-mêmes. Il décrit la nourriture, le sexe, le monde extérieur, l’attachement désespéré aux objets, les jours et les nuits qui se confondent – tous les détails, même les plus infimes, sont rapportés avec une minutie sans pitié. »

Par l’entremise d’un personnage cardinal et de personnages secondaires, pour la plupart désincarnés, l’auteur nous livre une description sèche et objective de cet univers.

L’écrivain Turinois né en 1970 est titulaire d’un diplôme en philosophie et d’un doctorat en sociologie de la communication.

Sous cet angle didactique on évolue dans l’existence de TORO en s’attachant à mettre en parallèle les deux entités, les deux unités spatiales de la prison et de l’île. Relatant ses relations, ses interactions dans ce monde clôt qui, par un effet miroir,  met en exergue sa position face à ses crimes. On prend conscience des aberrations, des incohérences du système dans sa morale, son éthique, sa déontologie bancales et désordonnées. La notion de respect bilatéral, détenus matons, s’étalonnant sur la typologie du crime.

Sans interférer sur nos propres sentiments, l’auteur s’ingénie, donc, à nous dépeindre un lieu commun, au même titre que la cité au sens politique du terme, sans densifier la situation, ni l’assombrir.

`D’une lecture instructive et révélatrice d’un microcosme noir, par le fond mais bien vivant dans sa forme, le lecteur envisagera la geôle sous un autre prisme qu’un « Green river » de Tim Willocks ou qu’ « Aucune bête aussi féroce » d’Edward `Bunker.

Nuances noires où filtrent des rais solaires obvies qui nous propose une consciente lecture directe, sans complaisance ni jugement péremptoire moral.

Chouchou.