Ziz ? Quoi, Ziz ? C’est un bon gars, Ziz, mais faut l’connaître. Ça fait un moment d’ailleurs qu’on côtoie le bonhomme. Depuis 2017 pour être précis et la parution du premier volet de ses aventures aux éditions Antidata (Cendres de Marbella, Prix Place aux Nouvelles de Lauzerte et Prix Hors Concours des lycéens). Suivra en 2019 un autre Gardien du temple, avant son transfert « sous haute sécurité », comme on dit pour les gusses de son acabit, chez In8 et la collection Polaroid dirigée par Marc Villard, pour le présent Maître de cérémonie.

Côté paternité, tout avait pourtant bien commencé pour lui. Avec la verve notoirement punchy d’Hervé Mestron penchée sur son berceau, son personnage pris vite des épaules et du grade. Enfin, du grade de banlieue, genre caïd bonzaï et horizons bouchés. Débrouille, embrouilles, ouille et autres rimes chics…

Après quelques tribulations plus ou moins troubles, le voici aujourd’hui endossant le costard forcément sobre et strict de croque-mort. Mais Ziz et la rigueur, ça ne marche qu’un temps. Ça débute pourtant sereinement, par un parcours professionnel impeccable, marche bancale après marche sociale, jusqu’à le hisser à l’enviable rang de Maitre de cérémonie au sein de Pompes Funèbres Santoni. Mais l’ascenseur sociable, un tantinet mal équarri, montre vite des signes de faiblesse. Il est consciencieux, Ziz. Juste qu’il est comme il est, Ziz, et qu’il ne faut pas le chatouiller trop près des zones sensibles. Et il faut bien admettre que ça le connaît la zone, « que j’ai passé plusieurs Noëls en zonz, que j’ai commencé chouffeur avant de braquer des tires, et que dans le cursus de la délinquance, j’ai obtenu mon brevet avec la mention trop bien. »

De toute façon, tout était parti en vrille d’avance : Nadège nue dans un cercueil, le collègue suicidé, l’autre disparu. Alors la suite ne pouvait guère s’ériger en long fleuve tranquille. Bref, il se fait virer et prend les armes. Ça reste raccord, avec la mort, avec le comeback et la barbaque aussi…

Du coup, on parlera volontiers pour Hervé Mestron d’une écriture « au plus près de l’os », vive et sournoisement naïve, d’histoires tordues, de la résurgence suburbaine d’un Franz Bartelt expéditif. La morale tangue. Mais, que voulez-vous, tout le monde en croque, mort ou vif. 

JLM