Chroniques noires et partisanes

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FEMME DE FEU de Luke Short / Collection  » L’Ouest, le vrai  » / Actes sud

Traduction: Arthur Lochmann

 

Bien que la répétition soit pédagogique, l’auteur de cette chronique invite à parcourir l’essentiel du compte-rendu d’un précédent ouvrage du même auteur (Luke Short) dans la même collection (L’Ouest, le vrai) tant ces lignes vous aideront à cadrer l’essentiel et lui épargneront l’écueil du plagiat.

Après Ciel Rouge, Femme de Feu est le second ouvrage de Luke Short proposé aux lecteurs francophones. A l’origine publié en 1943 sous le titre de Ramrod, le roman est adapté au cinéma par Andre De Toth en 1947. Pour le public français, ce western s’appellera Femme de Feu.

 « On disait que c’était un pays béni des dieux jusqu’à ce que le démon y mette cette femme ». Cette phrase ornait certaines des affiches de hall de cinéma à l’époque de la sortie américaine, du film de De Toth. Avec le titre de la VF, il est aisé de comprendre que Luke Short a fait de Connie Dickason, le personnage principal de son intrigue noire, une femme qui cherche à s’émanciper d’une société patriarcale autant qu’à se venger des figures de ce patriarcat, son père Ben et Frank Ivey, tous deux puissants éleveurs dans l’Utah en 1870. Elle fera montre d’un caractère, d’une duperie et d’une brutalité équivalente à celle de ses adversaires masculins pour prendre son indépendance et monter son exploitation. Il y a là un schéma classique du western (une guerre pour la terre et les bêtes) dans lequel Luke Short insère un personnage typique du roman noir, la femme fatale ou la femme tragique. C’est en soi une originalité, parfaitement maîtrisée par l’auteur dans sa trame narrative et dans les ressorts psychologiques qu’il actionne.

 Connie Dickason embauche Dave Nash, un cow-boy sans attaches, réprouvé et orgueilleux, ainsi que d’autres hommes pleins de rancœur contre les deux barons de l’élevage et les entraîne dans un jeu de manipulations et de coups bas. Au milieu de la communauté locale divisée, le shérif Jim Crew, pourtant aguerri, tente de faire valoir le droit et la justice et d’empêcher le sang de couler, et Rose Leland, une couturière, femme libre aussi à sa manière, essaie d’éviter à Nash auquel elle s’est attachée, les conséquences d’un choix douteux et d’une attraction dangereuse. Impossible pourtant de séparer de façon nette les bons et les méchants dans cet affrontement sanglant. Quand la violence se déchaîne sous la plume de Luke Short, elle le fait avec force et rapidité et n’épargne pas plus un côté que l’autre.

 Presque aussi bon que Ciel Rouge ? En tout cas, un western cynique et sombre, écrit avec une élégance nerveuse qui nous vient du siècle du hard-boiled.

 Paotrsaout

CIEL ROUGE de Luke Short /Actes Sud/ collection « l’ouest,le vrai ».

Traduction:Arthur Lochmann.

Chez Actes sud, « l’ouest, le vrai » est une collection qui  s’adresse tout particulièrement aux vieux cowboys. Elle est dirigée de main de maître par Bertrand Tavernier à qui on doit une adaptation cinématographique réussie d’un roman de James Lee Burke « Dans la brume électrique avec les soldats confédérés »  et dont il raconte avec minutie le tournage dans « pas à pas dans la brume électrique » aux éditions Flammarion en 2009.                                                                          Cette collection forte d’une douzaine de sorties propose des romans sortis des greniers et de l’oubli, écrits à une époque où les romans westerns étaient particulièrement à la mode aux USA tout comme les films créés à la gloire de l’homme blanc triomphant.Si vous aimez ce théâtre et ces représentations de l’histoire des USA, vous trouverez ici sûrement votre bonheur.

Il n’est pas exclu non plus d’y trouver aussi l’écho  de thèmes d’actualité, des thématiques assez novatrices pour ce genre littéraire et une écriture particulièrement efficace comme ici.

« La cupidité oppose deux hommes, et la fille de l’un d’eux aime celui qui s’apprête à escroquer son père. Sur fond d’élevage de bétail et de répression d’Indiens croupissant dans des réserves dépourvues de bonnes terres, Luke Short compose un western efficace et exemplaire qui a été adapté par Robert Wise sous le même titre. Robert Mitchum et Barbara Bel Geddes tiennent les rôles principaux dans ce film, considéré comme l’un des meilleurs westerns noirs. »

La quatrième de couverture déjà vous indique clairement, et vous pouvez la croire, qu’on n’a pas affaire à un nanard, c’est du costaud dans les relations psychologiques tout comme dans les comportements des différents acteurs.

« Luke Short fait bifurquer le western vers le roman et le film noirs en tournant le dos à certaines péripéties, en mettant l’accent sur des sentiments troubles, un climat que ronge une violence sous-jacente. »

Quand le directeur de la collection y va de de quelques paragraphes dans une postface brillante et éclairante, le blogueur néophyte ou presque n’a plus qu’à s’effacer tant ses commentaires ne seront que verbiage et paraphrase  du discours de Bertrand Tavernier.

Signalons néanmoins que malgré son positionnement évident vers un Noir réaliste, « Ciel rouge » est avant tout un western avec tout le décorum qui est familier aux amateurs du genre et on y retrouve bien le thème archi éculé de la littérature américaine, la rédemption, dans un suspense qui se lit avec plaisir.

Plaisant.

Wollanup.

PS: la couverture est magnifique.

 

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