Descente dans ce roman historique noir au cœur sanglant de la révolution bolchevique où s’affrontent les tsaristes au mouvement rouge.

« Petit père… Pauvre petit père… Pourquoi ne pas nous avoir avoué que tu es bolchevik ? On t’aurait tué, mais on aurait peut-être épargné ta femme et ton petit… Maintenant c’est trop tard…
Le soldat serre la nuque du paysan.
— Regarde ce que tu nous obliges à faire… »
En 1968, un haut dirigeant du KGB révèle à son fils sa véritable histoire. Celle d’un enfant sibérien, en pleine guerre civile russe en 1920. Témoin du meurtre de ses parents par des Cosaques, il ne devra sa survie qu’à l’intervention d’un étrange cavalier : le général von Ungern-Stenberg, resté dans l’Histoire sour le nom du « Baron sanglant. »

Philippe Chlous auteur, journaliste, reporter, producteur de documentaires aurait eu l’idée de l’écriture et du sujet de cette ouvrage en contrepoint d’un reportage sur les enfants soldats.

L’enfant déraciné n’a plus de chez lui, transbahuté au gré des volontés du baron, il se fait à sa nouvelle destinée. Il ne se retourne que très rarement. Il tend mille fois la joue, attifé des étoffes glanées de ci de là. Il porte sa croix byzantine comme son maître la porte en étendard. D’ Ourga aux confins des méandres frontalières sino-russes, il se construit sur les ruines des combats. Pas de popes, de tuteur, hormis le Mongol fidèle, épris de littérature il conserve l’humanité vitale dans ces charniers, ses geôles, ses exactions jonchant son parcours. Pas de ce temps qui bout comme un faitout de fonte préparant le bortsch, il se retourne brutalement sur son sillon laissé par la violence des hommes. Il percute le temps, il percute les consciences, il percute la réalité. Sans acrimonie il accepte son chemin, le personnage qu’il est, qu’on lui construit. L’ensemble de son histoire se fonde sur la cruauté, la pyromanie d’un homme voué aux gémonies mais qui présentera une aura paradoxalement constructive et constitutive de son cap politique et d’homme ! Transporté dans les steppes à dos de chevaux rudes et résistants à la fureur, on s’imprègne irrémédiablement de cette simili-hagiographie de deux êtres qui n’avaient pas lieu de se rencontrer, et qui plus est de faire un bout de chemin ensemble…

Sans nul doute j’ai adhéré à la démarche de l’auteur et je me suis persuadé qu’outre la vision historique comme fondement, se présentait à moi un tête à tête entouré d’un halo macabre dans ce déchaînement de violences, de l’aliénation humaine.

Noir, prenant, éclairant sur une période sombre de la construction de l’Europe orientale.

Chouchou.