LËD ou glace en russe est le titre du dernier opus de Caryl FEREY. L’auteur nous a habitués à voyager à travers ses différents romans et cette fois-ci, il nous emmène en Russie.
La recette de l’auteur reste la même, seuls les ingrédients changent. Alors est-ce du réchauffé ou pas ? Personnellement, je me suis délecté du début à la fin. On reconnait de suite l’écriture incisive, l’immersion est totale, l’histoire est documentée, l’enquête est solide. Apprêtez-vous à avoir des engelures aux doigts en feuilletant ce roman qui nous parachute à Norilsk, la ville la plus au Nord de la Sibérie et la plus polluée au monde.
L’univers est glacial et rude et les aurores boréales ne parviennent pas à donner de magie à cette ville ou le froid vous transit et vous glace à jamais. On y découvre une population jeune qui se tue dans les mines de Nickel et noie sa peine dans la vodka pour oublier un quotidien sans lendemain meilleur. C’est ni plus ni moins qu’un goulag moderne, et les parallèles dans le roman sont nombreux, notamment lorsque Dasha apprend que sa grand-mère, sa Babouchka était une Zek, condamnée au goulag pour un motif des plus futile.
L’enquête se déroule donc dans cet univers, lourd d’un passé post Stalinien et aujourd’hui en proie à la corruption d’une Russie toujours nébuleuse. La première victime est un Nénet, un membre d’un peuple ancestral de Sibérie. Ce peuple survit en marge de cette société, ayant comme seule ressource ses troupeaux de rennes et la toundra comme seul refuge. Boris Ivanov est en charge de l’enquête. D’autres victimes vont se succéder au profil très différents. Le coupable est vite désigné, un vieil Ouzbek, ancien militaire, devenu chauffeur de taxi. Pour autant, l’enquêteur n’est pas convaincu et persiste jusqu’à mettre le doigt dans les rouages d’une corruption tentaculaire, l’impactant bien au-delà de ce qu’il pouvait penser.
L’espoir est mince dans ce roman, les personnages semblent résignés et les enjeux financiers du nickel supplantent toute humanisme. On nait à Norilsk ou on y vient pour se faire oublier mais on en repart très rarement. Les sujets traités sont variés passant du peuple autochtone opprimé à l’exploitation humaine, de la catastrophe écologique à l’homosexualité bannie, de la corruption à l’émergence de groupes ultranationalistes et j’en passe, c’est très dense, intense et glaçant.
Le dénouement est éclatant, sanglant et justice faite…si seulement.
Alors faut-il risquer l’engelure et l’amputation ? Je vous réponds DA DA DA.
Nikoma
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