Maintenant le monde est creux.
Maintenant il peut se fendre.
Maintenant le monde n’a plus d’intérêt pour ces hommes au coeur affamé.
Maintenant le monde peut se reposer.
Maintenant le monde s’allonge : sens la terre qui se fracture alors que le monde s’allonge. Maintenant le monde boit pour soulager sa douleur : sens l’eau grimper tout autour afin de purger sa soif.
Maintenant le monde est malade, fait de la fièvre : sens la chaleur du monde qui grimpe jour après jour.
Dans son nouveau roman Racines d’horizon, Joël Casséus raconte l’errance d’un homme en quête de sa soeur. Nous sommes immergés dans un univers post-apocalyptique halluciné, tout au bord du chaos. Et ce monde étrange est le nôtre.
Ecrivain québécois né en Belgique, également professeur de sociologie, Joël Casséus n’en est pas à sa première publication. Racines d’horizon, son nouveau roman, est déjà le troisième à sortir chez Le Tripode.
Si vous avez tendance à chercher des livres qui ne s’inscrivent pas dans un genre en particulier, voire franchement différents, nul doute que Racines d’horizon est l’un de ceux-là.
Joël Casséus convoque ici tout un imaginaire apocalyptique. Dans un monde qui peut être a subi une catastrophe nucléaire aux conséquences radicales, mais cela n’est pas explicite, un homme recherche une sœur apparemment morte. Sa quête l’amène a traverser des paysages dévastés et à croiser des personnages plus étranges les uns que les autres.
Il y a des cadavres d’éperviers sur la terre froide.
Des plumes jonchent le sol, mes pas fuient l’obscurité.
Les larmes de la mer du ciel coulent sur mon corps.
La nuit est primitive, les flammes dévorent le noir.
Je lève mon visage vers la mer du ciel, espère y voir des poissons, ton corps plus léger qu’un oiseau.
Le voyage de l’homme que nous suivons nous immerge dans de ténébreux et funestes tableaux. Une errance fiévreuse et fantastique dans un univers trouble, aux sons glaçants et visuellement fascinant. L’atmosphère noire et rude prend rapidement le pas sur l’histoire elle même et celle-ci ne perd jamais en intensité.
La plume de Joël Casséus, fluide et poétique, rend l’expérience de lecture presque hypnotique. Entre rêve ou cauchemar, entre fable ou conte, on ne sait pas exactement où se situer. Ce qui est certain c’est que sa langue inscrit des images puissantes dans notre cerveau.
Racines d’horizon de Joël Casséus se lit comme un récit “apocalyptipoétique” et se vit comme une étonnante expérience littéraire. Il n’y a pas d’étiquette pour un tel roman qui ne demande qu’à être exploré par les plus curieux et aventureux d’entre-vous.
Brother Jo.
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