Romain Slocombe, on ne présente plus et si vous ne connaissez pas, épargnez-vous ces quelques lignes et lisez ce roman qui représente un petit aspect de son oeuvre, la passion du moment de ce grand auteur à l’immense talent protéiforme.
« Écrivain, photographe, cinéaste, peintre, illustrateur et traducteur, Romain Slocombe réconcilie depuis plus de trente-cinq ans le roman noir, l’avant-garde artistique et l’univers underground de la contre-culture américaine ou japonaise. Armé de son humour british, il aborde des sujets graves au fil d’intrigues minutieusement documentées. »Cette fine et fidèle présentation est extraite d’une interview de l’auteur par Bernard Strainchamps, pionnier du noir sur le polar à qui nous devons actuellement l’indispensable site de veille littéraire Bibliosurf II( http://www.bibliosurf.com/). Ce riche entretien daté de 2014 (lien en fin d’article) , au moment de la sortie de « Avis à mon exécuteur » autre joyau de Romain Slocombe, explique les raisons de ces écrits romanesques tournant autour de l’espionnage russe pendant l’entre deux guerres.
Le héros Ralph Exeter découvert dans « dernière station avant l’abattoir » et qui revient dans de nouvelles aventures dans « le secret d’ Igor Koliazine » n’ est autre que George Slocombe, grand père de l’auteur, journaliste anglais pendant les années 20 et qui aurait été en relation avec les services secrets bolchéviques à cette époque et dont les mémoires ont servi dans des scènes stupéfiantes, des descriptions magnifiques de Constantinople porte de l’Orient où Russes et puissances européennes intriguent.
« Londres, février 1925 : recruté malgré lui par l’Intelligence Service, le journaliste Ralph Exeter, qui renseigne déjà le Guépéou, a beaucoup de mal à concilier ces loyautés contradictoires. Le voici sommé d’approcher Igor Koliazine, gigantesque jeune cosaque qui prétend avoir enterré en Bulgarie le trésor fabuleux de l’Armée blanche du général Wrangel. Ensuite, charge à lui de l’entraîner à Constantinople, d’où ils embarqueront à bord du yacht affrété par la jolie Zhenya Krasnova, déléguée des Soviétiques. Destination Bourgas, objectif les précieuses caisses enfouies dans la forêt. Seulement, outre les bolcheviks et le MI6 britannique, d’autres sont sur l’affaire : la Sécurité d’État turque, des espions allemands à la solde d’Adolf Hitler… Le correspondant du Daily World comprendra vite qu’il a mis les pieds dans un sacré guêpier. »
Il arrive parfois que l’on soit subjugué par un roman et que vainement on tentera de mettre sur papier ou l’écran les raisons qui nous ont fait chavirer. Alors, ici, il y a, bien sûr, le charme d’Istanbul, le mystère d’une culture et d’une civilisation à la fois proche et lointaine à une époque où elle est encore plus énigmatique, hermétique pour l’Européen qui débarque et qui est racontée d’une manière docte, précieuse et magnifique par un auteur au sommet de son art. C’est grandiose, y compris dans les moments dits faibles.
Bien sûr, tout ce monde d’espions doubles, triples, traîtres, mêlé aux Turcs, aux Russes Blancs en exil, aux femmes fatales que rencontre Ralph Exeter crée une symphonie, une comédie humaine fastueuse et furieuse où dès les premières pages, on se passionne pour ces destins tourmentés par le vent martial de l’Histoire du début du XXème siècle.
Evidemment, le dandy anti-héros est passionnant par son ordinaire humanité, par sa légitime volonté de sauver sa peau, par son ahurissement devant les événements se passant autour de lui mettant sa vie en péril lors de cette recherche du trésor. L’ atmosphère des grands romans d’espionnage vintage d’Eric Ambler…
Et puis, en fait, tout simplement, il y a le talent, l’immense talent de Romain Slocombe, admirable conteur.
Talentueux.
Wollanup.
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