Les 290 enquêtes de Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe » écrites par autant d’auteurs de 1995 à 2015 et créées par trois grands noms du noir français Jean- Bernard Pouy , Serge Quadruppani et Patrick Raynal ne nous avaient jamais révélé que le Poulpe avait une fille et qu’elle avait chopé le même virus pour l’investigation et le même sens de la justice que son géniteur. Voici la proposition des éditions Moby Dick et de nombreux noms du polar vont sûrement s’y jeter comme un public qu’on espère nombreux pour sa naissance littéraire actée par Les cols des Amériques de Thomas Cantaloube auteur reconnu de la Série Noire et Dans Il ne faut pas prendre les enfants de la rue pour des connards sauvages de Marysa Rachel. D’autres histoires suivront à l’automne.

Parallèlement Moby Dick réédite des aventures du Poulpe, et à tout seigneur tout honneur, le premier roman fondateur La petite écuyère a cafté de Jean-Bernard-Pouy et un des derniers daté de 2013 La bonne a tout fait de Franz bartelt.

Il est évident que votre affection pour un auteur, sa plume, ses univers conditionneront certainement votre appréciation d’une histoire du Poulpe. Vu le nombre des contributeurs durant deux décennies, vous n’êtes sûrement pas à l’abri de la découverte d’une histoire contée par un de vos auteurs favoris et dont vous n’aviez jamais entendu parler, ce qui est d’ailleurs mon cas avec cette petite perle signée par l’inimitable, l’incomparable génie des Ardennes Franz Bartelt.

« Voici un an que Le Poulpe reçoit de mystérieux courriers de Painrupt, un petit village en plein cœur des Ardennes, écrits par un vieil homme qui cherche à l’intéresser à une affaire de femme assassinée, soi-disant par son mari, un richissime exploitant forestier.
Ce vieil anar, Versus Bellum, paraît avoir tout prévu pour faire tomber ce « gros ». Mais pour mettre son plan machiavélique à exécution, il a besoin du Poulpe. Sa mission : approcher la bonne au service du couple – dont le témoignage a innocenté le riche entrepreneur –, sous une fausse identité, pour lui faire cracher le morceau.
C’est donc moyennement convaincu de la santé mentale du bonhomme que Gabriel va se laisser tenter par le voyage « dans ce pays où les virages secouaient les autobus plus durement que les vagues de la mer font tanguer les bateaux ». »

Vous avez sûrement déjà noté notre manifeste parti-pris, notre aveuglement forcené quand il s’agit d’évoquer certains de nos auteurs préférés, chose que nous reconnaissons dans la présentation du blog « Nyctalopes, chroniques noires et partisanes », il sera donc inutile et totalement déplacé de nous interpeller sur notre prétendue mauvaise foi quand nous parlons de Bartelt.

Chaque auteur ajoute ses particularités au Poulpe mais aussi le fait voyager et forcément c’est au pays des virages et des immenses forêts, chez lui dans les Ardennes que nous convie l’auteur. Au sein d’une enquête, somme toute secondaire, Franz Bartelt monte son étrange petit monde baroque de gens gentiment mais très sûrement barrés dans un coin des Ardennes qui semble s’être arrêté dans les années 70, sous Giscard. Les personnages le mari, l’épouse et la bonne, archétypes du vaudeville qu’affectionne particulièrement Franz Bartelt jouent leur partition à la perfection devant un Poulpe qui vit un périple en terre exotique. Ayant conservé sa volonté de justice sociale, Le poulpe, bien avant qu’ils ne deviennent juste qu’un argument électoral, interroge sur les migrants, les sans-papiers, exploités par les patrons puis rejetés.

Les aventure du Poulpe sont toujours courtes mais Bartelt dans un nombre limité de pages vous offre plusieurs facettes de son talent que vous avez peut-être remarqué dans Hôtel du grand cerf, Chaos de famille ou Ah ! les braves gens pour ne citer que quelques uns des plus récents d’un auteur édité depuis bientôt trois décennies. Lire le sourire aux lèvres ces chroniques du zinc , ces histoires malicieusement écrites de gens ordinaires un peu barrés au fin fond des sombres Ardennes, peut s’avérer un coupable mais incomparable plaisir. Attention lire Franz Bartelt crée une dépendance dès le premier roman.

Clete.