Chroniques noires et partisanes

Étiquette : le nouvel attila

Le CONTORSIONNISTE de Craig Clevenger/ Le Nouvel Attila

Traduction:Théophile Sersiron.

Pas de panique, l’issue n’est pas dans la fuite mais bien dans le contournement. Différentes entités civiles n’en forment qu’une et le fil rouge du contorsionniste nous pousse à méditer que notre, que son existence se loge dans une boîte exiguë.

« Un homme se réveille un matin dans un lit d’hôpital, victime d’une overdose, sous un nom qui n’est pas le sien. Daniel Fletcher a déjà vécu cette situation, mais la dernière fois il s’appelait Christopher Thorne, et la fois d’avant Eric Bishop…

Faussaire de génie traqué par les hôpitaux psychiatriques, la police et la mafia, le héros endosse pour leur échapper des identités à l’infini. Pour chacune d’elles, il fabrique des preuves nouvelles : noms, papiers, adresses postales, et jusqu’à ses souvenirs… Une fuite en avant qui va vite s’enrayer. »

Craig Clevenger naît à Dallas, Texas, en 1964 et grandira en Californie. De petits boulots à l’industrie High Tech son attirance pour le voyage le portera vers l’Irlande, l’Angleterre, la Bolivie avant de s’ancrer à San Francisco. Ce premier roman a remporté un tel succès que les producteurs du cinéma ont acquis les droits mais aussi le copyright de son personnage principal bloquant sa réutilisation.

La prépondérance des sous-titres, des titres alternatifs de l’ouvrage, « Guide de l’homme invisible », « Faussaire : mode d’emploi » nous aiguille sur les motivations de l’homme aux multiples facettes. Ses addictions couplées à des compétences supra ordinaires le ballottera de prisons, de tribunaux, d’établissements hospitaliers, de contacts dans des milieux licencieux.

Mais voilà don d’adaptation, d’observation forment un couple uni et indéfectible lui permettant d’enjamber les obstacles jonchant son parcours. Entre relations amoureuses, voire passionnelles, et consommation de stimulants, le lecteur emboîte le pas de ce border-line, sans présenter, paradoxalement, de troubles de la personnalité dissociative et s’immisce dans son existence effrénée, frénétique, dénuée de repères/ repaires.

Outre l ‘analyse éducationnelle et psychologique, bien cernés par l’auteur, on est aux prises à une écriture nerveuse qui donne un tempo sachant exploiter des parures imagées et stylisées. Clevenger nous pousse à l’empathie de son personnage et contente aisément notre satiété rhétorique. Il possède la subtilité d’une plume alerte et originale qui rend l’œuvre marquante et tenace dans notre striatum, l’une des aires cérébrales des émotions.

Vif, hors des sentiers répertoriés sur une édition, à noter, doué d’une réelle mise en valeur graphique et structurelle.

Cherchez la…les vérités et ses interprétations, le lecteur est alors acteur…

Chouchou.

 

O.P. (Ordre Public) de Ramon Sender/ Le Nouvel Attila

Traduction:Claude Bleton.

Immersion directe dans l’univers carcéral ibérique des années 20 où se dessine l’histoire de ce pays au travers de remous et remugles locales et mondialistes.

« Années 20, à Madrid. Un vent de révolte souffle sur la Moncloa, la plus grande prison pour hommes de la capitale. Un jeune journaliste incarcéré, double de l’auteur Ramón Sender, interroge la société, ses raisons d’enfermer et de nuire à la liberté individuelle. À travers de longues conversations, celui-ci devient l’ami du Vent, qui incarne à travers ses sifflements la colère des détenus. Syndicalistes, homicides, escrocs, ouvriers, gitans aux parlers forts en gouaille, ceux-ci se rebellent contre la rigueur des conditions de détention… une mutinerie sévèrement réprimée dans la violence par la pénitentiaire. « 

Ne vous attendez pas à une resucée livresque des « Green River » de Tim Willocks ou autre « Meurtres pour Rédemption » de Karine Giébel, on est bien face à un objet de son temps et de sa littérature contemporaine. L’ouvrage trouve sa genèse en 1926 et s’inscrit alors pleinement dans le parcours étatique de la dite période. On est en plein régime dictatorial de Primo de Rivera et l’auteur consigne alors sa propre expérience dans ce récit puisqu’ il sera incarcéré dans les événements du soulèvement de l’ académie d’artillerie de Ségovie.

Nous ne sommes donc pas dans l’univers poisseux et torturé des deux auteurs précédemment cit »s mais bien plus dans une écriture à la Paul Morand, un discours, une investigation journalistique digne d’Albert Londres.

Roman présentant différents prismes, il se décompose à l’image d’un feuilleton. On y perçoit initialement un certain lyrisme empreint d’allégorie. Le vecteur, le fil rouge symbolique du vent s’impose alors comme le trait d’union, le messager des existences des prisonniers…. Puis le texte s’infléchit vers une trame sociologique, politique et décrivant les classes de cette société balancée dans les cordes d’un état sans voix, au prise au despotisme et l’asservissement des pensées.

L’auteur se sert donc des affres personnelles de son existence pour parfaire un tableau réaliste mais ironique de son pays. Au travers de descriptions de personnages bigarrés et issus de différents univers sociaux, il nous montre et démontre la violence et l’âpreté du despotisme de son époque.

Lyrique, poétique, paradoxal comme un article d’une édition tentant de promouvoir les littératures dans ses formes picaresques mais n’oublions pas notre plongée dans la détention sous ce régime abject!

Chouchou.

 

 

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