Traduction : Elsa Damien.

« Le gang des rêves », déjà un bien beau titre, est l’oeuvre du dramaturge italien Luca Di Fulvio par ailleurs auteur d’une dizaine de romans dont celui-ci daté de 2008 et qui nous arrive maintenant après un énorme succès transalpin ainsi qu’en Allemagne où il a été vendu à plus d’un million d’exemplaires.

La couverture, d’ailleurs magnifique, est une oeuvre de Jacob Riis photographe d’origine danoise qui fit beaucoup pour la lutte contre la pauvreté à New York par ses différents travaux montrant la misère dans laquelle vivaient les nouveaux arrivants à New York au tout début du XXème siècle. C’est d’ailleurs cette histoire qui nous est racontée de bien belle manière.

Cetta, quinze ans, travaillant dans les champs en Calabre à la merci de patrons médiévaux est violée par un de ses « maîtres » comme sa mère bien des années avant et se retrouve enceinte. Loin d’abdiquer, fuyant une vie de paria, elle décide de tenter l’aventure américaine comme tant d’Italiens à l’époque et embarque avec comme seule richesse ce nourrisson Natale espérant des lendemains meilleurs ou tout du moins un espoir de liberté qui lui est interdit dans la Calabre du début du XXème siècle . Bien sûr, elle va très vite comprendre qu’elle tombe de Charybde en Scylla.

C’est son histoire et celle de Natale son fils rebaptisé Christmas à son passage à Ellis Island qui nous est racontée dans ce gros roman de plus de 700 pages qui commence en Aspromonte en 1907 et se termine en Amérique en 1929.

De la violence bien sûr, de la peine, de la misère mais aussi des luttes, des victoires, de l’émancipation, de l’intégration, de la solidarité et de l’amour dans les bas-fonds du Lower East Side où tous ces damnés de la terre anonymes, héroïques chacun à sa manière ont créé cette ville et en même temps bâti une épopée modeste qui ne restera pas dans les annales de l’Histoire mais dont ils peuvent être fiers. Au long des pages qu’on avale, qu’on dévore, on découvre aussi l’ancêtre de la Maffia mais aussi la naissance de la radio, du cinéma de masse, de la publicité, du Music Hall sur Broadway, la construction de la skyline… Manhattan!

Pas une ligne d’ennui, les chapitres courts sont tous passionnants, empreints d’une grande qualité d’écriture romanesque et très cinématographique, un vrai bonheur pour qui connaît un peu la ville et pour tous les amoureux des grands romans historiques, des œuvres faisant la part belle aux plus humbles. Le roman doit être adapté au cinéma et j’aurais vraiment aimé que Sergio Leone soit encore là pour filmer ces belles personnes.

Romanesque et flamboyant.

Wollanup.