The Feast

Traduction: Denise Van Moppès

Envisagé comme un roman collectif traitant les sept péchés capitaux, Le festin sera finalement l’œuvre de l’Anglaise Margaret Kennedy, qui atteignit une certaine célébrité avec un de ses premiers écrits en 1924, La Nymphe au cœur fidèle. Sorti en France en 1951 sous le titre La fête, Le festin bénéficie cette année d’une réédition grâce à la collection Quai Voltaire des éditions la Table ronde.

“Cornouailles, 1947. Comme tous les étés, le révérend Seddon rend visite au père Bott. Hélas, son ami n’a pas de temps à lui accorder cette année, car il doit écrire une oraison funèbre : l’hôtel de Pendizack, manoir donnant sur une paisible crique, vient de disparaître sous l’éboulement de la falaise qui le surplombait. Et avec lui, sept résidents…Dans cette maison reconvertie en hôtel par ses propriétaires désargentés étaient réunis les plus hétéroclites des vacanciers : une aristocrate égoïste, une écrivaine bohème et son chauffeur-secrétaire, un couple endeuillé, une veuve et ses trois fillettes miséreuses, un chanoine acariâtre et sa fille apeurée… Le temps d’une semaine au bord de la mer dans l’Angleterre de l’après-guerre, alors que les clans se forment et que les pires secrets sont révélés, les fissures de la falaise ne cessent de s’élargir…”

Vous aurez remarqué dès la quatrième de couverture que Le festin n’est pas un polar ou un roman noir mais qu’il lorgne plutôt vers le roman sociétal, la comédie, le vaudeville. Le festin n’est pas un polar mais un policier y fait pourtant une apparition emplissant d’effroi un des personnages du roman. Ce n’est pas un thriller non plus mais néanmoins il y  règne un suspense certain. Sachant dès le départ qu’un bout de la falaise va écrabouiller un certain nombre  des occupants de la pension mais qu’il y aura des survivants, le lecteur peut s’amuser à émettre des hypothèses sur les personnages qu’il désire laisser dans l’hôtel quand la roche tombera et qui “mérite” d’être épargné.

Le festin se veut une comédie et certains passages et certaines situations peuvent effectivement déclencher le sourire mais c’est aussi un état des lieux assez méchant de la société anglaise de l’immédiate après-guerre avec des mentalités qui peuvent surprendre aujourd’hui. L’avarice, la paresse, la gourmandise, la colère, la luxure, l’envie, l’orgueil sont bien tous présents à des degrés divers, de l’amusant ou l’anecdotique jusqu’au très déplaisant ou inconvenant sans aller jusqu’au pathologique. 

Les femmes sont les personnages forts du roman, les hommes restant dans l’ombre, éléments faibles du décor. Alors, le ton est souvent léger, les petites histoires de la communauté font gentiment vibrer un récit sans grandes étincelles mais ne manquant pas de piquant parfois avec des passions qui se terminent, des histoires d’amour naissantes mais aussi des histoires de cul tout simplement.

Le festin se mariera parfaitement avec toutes les saveurs de l’été pour un gentil dépaysement.

Clete.