Dans la France du « roi-bourgeois », Louis-Philippe, et sous le joug du ministre de l’intérieur sanguinaire Adolphe Thiers, une recherche effrénée d’un tueur en série d’enfants débouchera sur des associations, des amitiés baroques.
« Une enquête criminelle dans les bas-fonds de Paris en 1835, retraçant les derniers jours du célèbre dandy, assassin et poète Pierre-François Lacenaire
Durant l’hiver 1835, sous le règne de Louis-Philippe, alors que Paris est rongé par la misère et les attentats, la police enquête sur un tueur d’enfants. Tous les indices orientent Allard, chef de la Sûreté, vers le célèbre poète et assassin Pierre-François Lacenaire. Incarcéré à la Conciergerie, celui-ci passe ses journées à recevoir des visiteurs et à rédiger ses Mémoires en attendant de passer sous la guillotine. Un autre crime se produit, révélant davantage de similitudes avec ceux commis jadis par Lacenaire. Allard décide alors de le solliciter dans l’espoir de résoudre au plus vite cette enquête tortueuse. Entre le policier et l’assassin s’instaure une relation ambiguë, faite de respect et de manipulation, qui les entraînera tous deux dans les coulisses d’un Paris mystérieux et violent. »
Les révoltes grondent dans le Paris du XIXème siècle et après celle de Lyon des Canuts, la boucherie face aux revendications de la classe ouvrière prend une tournure effroyable quand les troupes du général Bugeaud ravagent un quartier au 12 rue Transnonnain. (actuel rue Beaubourg). C’est dans ce climat délétère que les crimes seront perpétrés et le paradoxe voudra que cela soit un propre assassin qui en possède les clefs de la compréhension.
Ce Paris chaos, ce Paris pauvre, ce Paris interlope, dans sa désolation résonne de mille vibrations dans différentes dimensions. Les conditions de vie, dénuées de dignité, poussent à la débrouille, au système D, et le crime reste la phrase, le point, des existences suspendues à des fils ténus.
La ville capitale est un personnage à part entière dans le récit de Michael Mention. Il l’hume, exhale de ses pages les fragrances distinctes à chaque lieu. Le cœur alimentaire des Halles et les abattoirs montmartrois restent symptomatiques de cette volonté de nous plonger dans une œuvre littéraire olfactive. Par ce biais, il réussit de fait à nous transporter dans nos propres sens et édifie une bulle pluri-dimensionnelle.
C’est en retraçant la politique de l’époque qu’il évoque en filigrane, ou pas, des problèmes sociétaux contemporains. Le niveau facial des difficultés populaires n’évolue pas dans le même registre mais conserve un reflet saisissant des humiliations, des brimades, du déclassement, des uns face aux autres. La société du XIXème siècle, aussi sordide soit-elle, possède les variables d’ajustements similaires à notre époque.
Transporté dans cette enquête poisseuse, rugueuse, noir opium, où la guilde des auteurs de romans noirs est fièrement représentée. Les pages sont rêches, excorient notre pulpe digitale mais la lecture est bien source d’enrichissement personnel et dans nos réflexions face à notre Histoire.
Roman historique lacérant qui se joue de nos sens dans l’olfacturium putride d’une cité exsangue !
Chouchou.
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