The Pallbearer
Traduction: Simon Baril
Jordan Farmer entame sa carrière littéraire par un rural noir, sous genre du polar, apprécié en France et racontant de sales histoires souvent à base de trafic de dope situées principalement dans le Midwest, les régions appalachiennnes et toutes les coins perdus des USA. Du white trash avec moult fusillades et actes barbares orchestrés par des rednecks au cerveau plus ou moins cramé mais aussi des histoires poignantes sur les paumés, les déshérités, les marginaux racontées avec talent par des auteurs comme Woodrell, Larry Brown ou Chris Offut.
Mais le talent est rare et si beaucoup s’y essayent, peu arrivent à sortir leur œuvre d’un médiocre décor en carton où la misère et la dope justifient tous les ignominies. Et donc, “La mort sur ses épaules” est-il un plus pour le genre ou finalement rien qu’un de plus?
“A Lynch, en Virginie occidentale, les gens qui n’ont pas déserté la petite ville vivent dans la pauvreté, voire le dénuement. Il y a peu d’emplois et toute la communauté est sous la coupe de Ferris Gilbert, le cruel patriarche d’une famille de criminels, qui fait régner la terreur.
Lorsque Jason Felts, travailleur social qui a la particularité d’être nain, est chargé d’assister l’un des frères Gilbert, détenu à la maison de redressement pour possession de stupéfiants, Ferris y voit l’occasion de faire passer en fraude un dangereux colis à son jeune frère. Ferris Gilbert menace aussi Terry Blankenship, un jeune homme pauvre qui a fui la maison familiale pour vivre dans les bois avec le garçon dont il est amoureux.”
Les Appalaches, un méchant dealer, des gosses abandonnés qui tombent dans la délinquance, de la dope, un gentil qui se met dans la merde pour une histoire de cul. Dès le départ, beaucoup des invariants des histoires sous ces horizons maudits. La bande son ne variera pas de la country triste.
Alors, ensuite, l’histoire n’est ni meilleure ni pire qu’une autre mais ne se distingue pas non plus par une réelle originalité et un rythme intéressant. On souffre rapidement d’une méconnaissance des sentiments et des pensées des personnages mis à part Jason mieux éclairé. Du coup, on lit cette histoire franchement de l’extérieur et les événements tragiques qui se succèdent n’émeuvent pas outre mesure. Les décisions, les choix sont parfois surprenants, tous les personnages semblant trop dans la résignation, l’abdication.
On peut s’interroger aussi sur la nécessité d’amener les thèmes non essentiels à l’histoire de l’homosexualité et du handicap pour ne pas les exploiter ensuite si ce n’est pour ajouter du pathos et de la marginalité pourtant déjà très soulignés.
L’éditeur cite Woodrell et Offutt. C’est de bonne guerre mais ne vous laissez pas abuser. Évoquons peut-être les univers de David Joy mais sans encore la belle maîtrise de l’auteur de la Caroline du Nord voisine. J’aurais donc tendance à dire un rural noir de plus mais aussi néanmoins un nom à retenir.
Clete.
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