Claire Raphaël a commencé en littérature avec une trilogie au Rouergue Noir mettant en scène Alice Yekavian, ingénieure de la police scientifique, un clone littéraire de l’auteure qui exerce actuellement les mêmes fonctions. Exit Alice. Tout en restant dans la même veine policière, Claire Raphaël, enchaîne avec un duo de flics de terrain, des enquêteurs d’un commissariat de banlieue à qui l’on confie toutes sortes de missions de proximité ne nécessitant pas l’intervention de la crim ou des stups.

“Astrid est lycéenne. Elle vit seule avec sa mère Émilie alors qu’un frère et une sœur, plus jeunes, ont été placés en famille d’accueil. Lorsqu’Émilie meurt, brûlée vive dans son appartement, la substitut décide de confier l’enquête à l’équipe d’un commissariat local plutôt qu’à la brigade criminelle. C’est ainsi que Jasmine et son chef, Tom, héritent d’une affaire complexe. La mort de cette mère alcoolique est-elle accidentelle, ou les violences subies par sa fille se sont-elles cristallisées en une haine mortelle ?”

Dès le début de la procédure, un indice très troublant amène les deux flics à douter très sérieusement du caractère accidentel de la disparition d’Emilie. Logiquement, ils vont s’intéresser à sa fille Astrid qui vivait seule avec une mère complètement détruite par ses addictions. 

Comme dans ses trois précédents écrits, les femmes et surtout ce qu’elles subissent, sont au centre d’une histoire qu’on pourrait qualifier, hélas, de très ordinaire, d’une triste banalité. Le personnage principal du roman est avant tout Astrid et la somme de ses malheurs depuis le début de sa courte vie.

On aurait tort de considérer La jeune fille et le feu comme un énième roman sur la banlieue avec moult clichés et flingues. Le cadre est là, bien sûr, terrible, déprimant mais on est avant tout dans le roman noir et social. Tout d’abord un portrait de deux flics de terrain, dans leur univers professionnel avec leurs convictions et leurs craintes. C’est très humain, on est très loin de toutes ces séries avec force fusillades, barons de la came… Ici, pas d’esbroufe, pas de misérabilisme non plus, une vérité froide et triste, un constat où on croit parfois déceler une certaine lassitude.

Ensuite, le portrait d’une gamine, Astrid, qui tente de s’en sortir seule, sans repères…ses espoirs, sa lutte pour un avenir meilleur, loin du marasme de sa vie d’aujourd’hui sans père et avec une mère échouée, perdue depuis longtemps.

Enfin, une belle étude sur le poids de la filiation à travers Astrid qui en subit l’absence, mais aussi Jasmine qui tous les soirs va voir son père en soins palliatifs et enfin Tom qui a subi un père très autoritaire.

A travers le portrait pudique et délicat d’une jeunesse abandonnée tentant de garder la tête hors du caniveau, Claire Raphaël réalise un roman d’une réelle beauté, humain et très juste.

Clete.