Traduction: Manuel Tricoteaux.


C’est en auteur installé que David Bell revient sur le devant de la scène avec ce quatrième roman publié chez Actes Sud : après Fleur de cimetière (2013), Un lieu secret (2015), Ne reviens jamais (2017), La Fille oubliée sortait le mois dernier en France.Jason. Danvers avec sa compagne Nora est revenu s’installer dans la petite ville de son enfance, Ednaville dans l’Ohio. Ils s’efforcent de retrouver un second souffle en couple. Jason essaie de mener sa barque tranquillement dans sa ville natale qu’il a quitté brusquement à la fin du lycée. Après une ultime et brutale dispute avec son meilleur ami d’alors, Logan, dont personne n’a su ce qu’il était devenu. Enfui ? Mais c’est en la personne de sa soeur cadette Hayden, qu’il n’a pas vue depuis des années, qui prétend avoir arrêté la drogue et l’alcool qui l’avaient marginalisée et éloignée de sa famille que le passé frappe à l’improviste un soir à la porte de Jason. Alors même qu’elle n’a cessé de trahir leur confiance, elle lui demande une faveur : veiller sur Sierra, sa fille adolescente, pendant quarante-huit heures, le temps de régler une affaire qui doit l’aider à tirer définitivement un trait sur son ancienne vie. Mais Hayden ne revient pas. Pire, cette disparition réveille l’autre affaire non résolue : la disparition de Logan, Jason avait été entendu par la police, puis l’affaire avait été classée sans suite. Mais quelques jours après la disparition de Hayden, on retrouve un cadavre dans les bois voisins… Jason se lance à la recherche d’Hayden, avec le vague pressentiment que son aventure est liée au passé de la petite ville.

David Bell manifeste à nouveau, nous dit-on, son intérêt pour les liens familiaux, les les traumas et fantômes du passé. C’est l’intérêt principal de ce roman dans lequel les rapports entre les personnages, leur psychologie, sont patiemment dévoilés et amenés. David Bell déploie un suspense maîtrisé et sans précipitation, qu’apprécieront les amateurs.

Toutefois, des lecteurs plus exigeants pourraient regretter que le roman ne s’appuyât justement que sur ces aspects dont David Bell sait pourtant très bien jouer. Ils voudraient que les personnages, les décors…etc fussent perçus moins au travers de calques grisâtres et qu’ils fussent plus affirmés ou caractérisés, plus typés. Nous sommes à Ednaville, Ohio, chez les Danvers, et ce pourrait être partout ailleurs et concernerait une autre famille Smith, originaire d’une petite ville des Etats-Unis. Mais peut-être que ces lecteurs plus exigeants ne sont pas si nombreux, peut-être qu’il ne s’agit que de moi, qui attendrait plus de détails vifs et d’audaces littéraires.

Tous les morts ne veulent pas se laisser enterrer comme ça. Mais tous les vivants ne veulent pas se laisser enfouir comme ci.

Paotrsaout