Traduction de Corinne Daniellot

Paula Hawkins a été journaliste pendant quinze ans au Financial Times. Elle a écrit sous un autre nom une série sur commande qu’elle qualifie elle-même de « Bridget Jones en moins drôle ». Elle signe ici son premier thriller, et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! N° 1 des ventes en Angleterre, aux Etats-Unis, au Canada et en Australie, vendu dans 42 pays et Spielberg en a acquis les droits cinématographiques ! Paula Hawkins nous tient en haleine jusqu’au bout à partir d’…un train de banlieue et de notre instinct de voyeur qui nous pousse à regarder chez les gens et imaginer leur vie.

« Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu… »

Rachel n’a plus de vie, Rachel s’ennuie, Rachel observe, Rachel est témoin, Rachel raconte…C’est par sa voix qu’on découvre l’histoire, puis par celle de Megan, la disparue et enfin par celle d’Anna, l’heureuse rivale de Rachel. Ces voix s’entremêlent, se rejoignent, s’opposent et nous entraînent dans l’intrigue. Car chacune nous dévoile sa vérité à différents moments et apporte un morceau au puzzle qui n’apparaîtra en entier dans toute son horreur qu’à la fin. Et en attendant, quel supplice ! On s’engouffre dans des fausses pistes, on doute, on se doute, on redoute… L’auteur nous balade avec délectation !

Oui car Rachel boit, elle est instable, ce n’est pas un témoin fiable et elle-même n’est plus sûre de ses souvenirs… et il y a les trous noirs !

L’écriture de Paula Hawkins sonne juste. A propos de l’alcool où Rachel n’en finit pas de sombrer, une fois sa vie brisée. A propos du bonheur, cette chimère rose bonbon à laquelle on aspire tous, de la vie de couple qui étouffe malgré l’amour, du désir d’enfants. A propos des douleurs et des blessures qui nous façonnent tous.

C’est peut-être ça qui nous embarque si bien dans ce roman. Ces personnages n’ont rien d’extraordinaire, ils mènent des vies banales, et pourtant Paula Hawkins réussit à nous captiver. On pense à Fenêtre sur cour, à Hitchcock, à cette manière de distiller le suspense si finement qu’on halète jusqu’au bout !

Ce sont les femmes qui parlent dans ce roman, elles sont centrales mais les personnages masculins ne sont pas sacrifiés pour autant, ils existent vraiment, même si c’est par les yeux des femmes qu’on les connaît.

Bref, une grande réussite !

Prévoyez du temps libre : tout le temps de la lecture, vous ne serez pas très disponible aux requêtes de votre entourage…

Raccoon

Night windows d’Edward Hopper