Traduction : Isabelle Maillet.

« La femme à la fenêtre » est le premier roman de A. J. Finn, qui est en fait un pseudonyme. L’auteur, Daniel Mallory, un éditeur américain l’a utilisé pour présenter son œuvre à différents éditeurs dont son employeur. Il se consacre désormais à temps plein à l’écriture. Ce livre a rencontré un immense succès outre Atlantique où il a été comparé, non sans raison, à « la fille du train » et il devrait être adapté prochainement au cinéma.

« Séparée de son mari et de leur fille, Anna vit recluse dans sa maison de Harlem, abreuvée de merlot, de bêtabloquants et de vieux polars en noir et blanc. Quand elle ne joue pas aux échecs sur internet, elle espionne ses voisins. Surtout la famille Russell – un père, une mère et un adorable ado –, qui vient d’emménager en face. Un soir, Anna est témoin d’un crime. Mais comment convaincre la police quand on doute soi-même de sa raison ? »

L’auteur a eu l’inspiration de ce livre alors qu’il était lui-même cloîtré chez lui en proie à une grave dépression. Passionné de cinéma, il regardait de vieux films et s’est surpris lui-même en train d’épier les fenêtres des immeubles d’en face : Anna Fox était née… On pense bien sûr à « fenêtre sur cour » d’Hitchcock et A. J. Finn réussit aussi bien que le maître du suspense. Il nous tient en haleine jusqu’au bout et se joue de notre perspicacité avec une maîtrise et un talent époustouflants. On a beau savoir que c’est un thriller à rebondissements, on s’engouffre dans les fausses pistes, on tremble, on est surpris… Bref un livre qu’on lit d’une traite.

Anna, la narratrice souffre d’agoraphobie et ne sort plus du tout de chez elle depuis plusieurs mois. Le roman se passe quasiment en huis clos car c’est par ses yeux qu’on découvre les autres personnages du roman : ceux qu’elle observe et ceux qui passent sa porte, on est dans sa tête. Anna est une femme intelligente. Pédopsychiatre, elle connaît bien la nature humaine et ses failles et les analyses qu’elle tire de l’observation de ses voisins sont pertinentes. Mais Anna ne va pas bien, elle prend beaucoup de médocs et boit trop, elle est peut-être en train de sombrer et c’est là qu’A. J. Finn est très fort ! Il instille le doute, chez Anna, chez le lecteur, dans toutes les ramifications de l’intrigue. Chaque révélation pose une nouvelle question, chaque élément nouveau altère notre perception de la réalité, détruit nos certitudes et on est saisi d’un effrayant vertige. Et quand les éléments se mettent en place, ils révèlent des drames profondément humains.

Un très bon thriller !

Raccoon