Hating Olivia
Traduction: Annie Brun
New York, milieu des années 70, le spectre du cauchemar vietnamien des jeunes générations ricaines n’est plus et Max Zajack apprenti-écrivain et expert glandeur peut rêver sereinement d’ un avenir dans la littérature loin des petits jobs mal payés et précaires de son quotidien.
Une jeunesse bohème pour Max qui succombe à un coup de foudre pour Olivia. On n’est jamais préparé à un tel cataclysme et si le bonheur est total dans la relation fusionnelle des débuts, la vie, la personnalité de chacun et surtout celle d’Olivia, l’absence d’avenir doré perceptible, la précarité de la situation, la flemme patente de Max vont vite pourrir le tableau.
“Putain d’Olivia” est le premier opus d’une tétralogie consacrée à Max, possible clone de Mark SaFranko véritable touche à tout du monde de la création artistique: romancier, dramaturge, nouvelliste, acteur, chanteur, compositeur et interprète. Les aventures de Max , avec en point d’orgue “Dieu bénisse l’Amérique” sont sorties il y a une dizaine d’années aux éditions aujourd’hui disparues “13ème note” et il est heureux que la Dragonne donne une deuxième chance à ces quatre bons romans. SaFranko, absent pendant de longues années des librairies français, est aussi réapparu sur le catalogue des éditions Inculte avec le très sombre ”Suicide” dont on espère lire bientôt la suite. Signalons aussi un recueil de nouvelles et de poésie chez Kicking Records. 2019, année française de Mark SaFranko.
Avec sa plume simplement précise, efficacement addictive, avec toujours une malice, une fausse naïveté, une évidente tendresse, SaFranko choisit un mode narratif en de nombreux points burlesque, prend le parti d’en rire plutôt que de montrer les larmes, un peu comme dans les films de Chaplin mais le drame, la douleur ne sont jamais très loin. SaFranko peint avec beaucoup d’humour une passion amoureuse dans sa réalité très banale, une relation toxique qui rend malheureuse les deux amants. On est parfois proche des univers contés par Bukowski, dans les pas d’un John Fante. Le réalisme est de mise, à un point tel que Max et Olivia nous sont rapidement intimes et que très rapidement “we care”.
Derrière l’histoire d’un désastre, derrière la “chronique d’une mort annoncée”, se glissent aussi des éléments du “mainstream” ricain, le monde du travail chez l’oncle Sam, la difficulté de percer dans le monde littéraire mais surtout, surtout, sans rentrer dans les détails, le titre est parfait, rien à ajouter…
PUTAIN D’ OLIVIA !
Mark SaFranko, c’est l’Amérique.
Wollanup.
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