Le Quartanier est une maison d’édition francophone fondée à Montréal en septembre 2002 et qui publie des œuvres de fiction, de poésie et des essais. Son logo est l’animal du même nom à savoir un sanglier de quatre ans « accomplis, alors dans toute sa force et de belle taille pour être chassé ». Ou être lu, pour ce qui concerne ici La bête creuse, le premier roman de Christophe Bernard, distingué par le Prix Québec-Ontario 2017 et le Prix des libraires du Québec 2018.
Le résumé éditeur nous permet d’éviter l’écueil premier de raconter les entrelacs d’un récit foisonnant, développé à différentes époques. “Gaspésie, 1911. Le village de La Frayère a un nouveau facteur, Victor Bradley, de Paspébiac, rouquin vantard aux yeux vairons. Son arrivée rappelle à un joueur de tours du nom de Monti Bouge la promesse de vengeance qu’il s’était faite enfant, couché en étoile sur la glace, une rondelle de hockey coincée dans la gueule. Entre eux se déclare alors une guerre de ruses et de mauvais coups, qui se poursuivra leur vie durant et par-delà la mort. Mais auparavant elle entraîne Monti loin de chez lui, dans un Klondike égaré d’où il revient cousu d’or et transformé. Et avec plus d’ennemis. Il aura plumé des Américains lors d’une partie de poker défiant les lois de la probabilité comme celles “de la nature elle-même : une bête chatoyante a jailli des cartes et le précède désormais où qu’il aille, chacune de ses apparitions un signe. Sous son influence Monti s’attelle au développement de son village et laisse libre cours à ses excès – ambition, excentricités, alcool –, dont sa descendance essuiera les contrecoups. Près d’un siècle plus tard, son petit-fils François, historien obsessionnel et traqué, déjà au bout du rouleau à trente ans, est convaincu que l’alcoolisme héréditaire qui pèse sur les Bouge a pour origine une malédiction. Il entend le prouver et s’en affranchir du même coup. Une nuit il s’arrache à son exil montréalais et retourne, sous une tempête homérique, dans sa Gaspésie natale, restée pour lui fabuleuse. Mais une réalité plus sombre l’attend à La Frayère : une chasse fantastique s’est mise en branle – à croire que s’accomplira l’ultime fantasme de Monti de capturer sa bête.”
Bienvenue en Gaspésie (la péninsule qui forme la lèvre méridionale de l’embouchure du fleuve Saint Laurent), en terre de galéjades, de carabistouilles, d’affabulations, (comme il serait dit en d’autres lieux) qui abondent dans ce roman d’aventures un peu démesuré, un peu « hénaurme » (Gaspésie rime avec Rabelaisie), qui peut vous perdre en chemin. Explosions de rebondissements et de violences mais surtout explosions vernaculaires : la plus grande aventure de ce roman consistera à caracoler (ou pas) sur la Bête, la langue québécoise gaspésienne volatilisée de façon pyrotechnique par son auteur. Gaffe à pas prendre la pluck dans les dents.
Paotrsaout
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