Julius Horwitz a écrit neuf romans, deux ont été publiés en France « journal d’une fille de Harlem » et celui-ci. Ecrit en 1975, il est sorti en France en 1977, a été réédité avec intelligence par les éditions La Baleine en 2011 et reparaît chez Folio pour les retardataires comme moi. Ce roman a aussi fait l’objet d’un film (introuvable) réalisé en 1979 par Jeff Kanew, spécialiste de séries B policières.
C’est un roman coup de poing, glaçant, terrible, sans concession. On peut le voir comme l’envers du décor du rêve américain mais il est transposable à n’importe quel coin du globe où on ne vit pas uniquement pour sauver sa peau ou pour trouver de la nourriture. On est dans les sphères très aisées des familles unies, des demeures cossues où le confort et la qualité de vie sont tels qu’on peut se préoccuper d’écologie et d’alimentation bio…Il date de la moitié des seventies mais il est parfaitement d’actualité sauf pour New York qui n’est plus l’enfer de l’époque. Ce roman noir est vraiment fortement déconseillé aux personnes psychologiquement fragiles.
Paul Steward, journaliste renommé, éditeur à succès a décidé qu’il tuerait sa femme et ses trois enfants avant de se suicider ce soir au moment du dîner. C’est simple, implacable et nous allons vivre heure par heure sa dernière journée au bureau en espérant que ses rencontres, son vécu vont lui faire changer d’avis, retrouver la raison. Apparemment, il a tout pour lui : réussite professionnelle, une vraie famille avec trois beaux enfants même si sa femme artiste souffre de dépression, une vie que tout le monde est prêt à lui envier mais que lui ne supporte pas ou plus.
Tout au long de cette journée étouffante, on va espérer l’acte ou la parole qui va le réveiller. Au fil des pages de plus en plus tendues quand approche la fin, on tente de comprendre ce qui le motive, quel est son mobile. Pour ma part, je n’ai rien trouvé à part la folie, la dépression de sa femme comme le rejet de la société capitaliste ne justifiant pas de si lamentables desseins. Et l’horreur dans « Natural Enemies »… pas de justifications, pas de causes plausibles ou visibles…
Les derniers chapitres sont effroyables.
Vous n’êtes pas près de connaître à nouveau un tel choc, ce roman est un authentique chef d’œuvre noir mais soyez bien préparés à la tragédie que vous allez lire.
Wollanup
PS : Prévoyez un Westlake, un Haskell Smith ou un Dorsey pour vite enchaîner !
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