Lo que nos queda de la muerte.

Traduction : Margot Nguyen Béraud

“Dans ces stations balnéaires de la Costa Dorada, sur le littoral de la Méditerranée, tous les habitants se connaissent. Le flux incessant des touristes a beau rythmer les saisons, ce sont toujours les mêmes jalousies, les mêmes rivalités, les mêmes clans. Lucía, qui a grandi ici, est belle, trop belle : elle attire tous les regards et déchaîne les commérages. Qu’il serait facile de lui imaginer une liaison avec le séduisant Ignacio Robles, fils à papa propriétaire d’une agence immobilière… Mais qui prendrait le risque de déclencher l’ire de son mari, le Crocodile, commandant local de la Guardia Civil ? Celui-ci est d’ailleurs sur une affaire délicate : un des jeunes de la ville a été retrouvé mort sur une plage, et il craint que ce cas révèle les petits trafics qu’il couvre en échange d’un pourcentage… Tous les ingrédients du drame à venir sont réunis.” 

Et drame il y aura: nous sommes dans un bien bon roman noir, sans effets de théâtre, tout est dans l’ambiance grise malgré le soleil estival, dans une noirceur se développant dans une société où tous semblent bien mal en point, malgré les apparences, les convenances. 

Lancé par un magistral premier chapitre plantant élégamment le décor, les personnages, et c’est ce qui différencie d’emblée le roman de pas mal de séries B voulant faire genre, le roman emprunte des chemins de traverse, papillonnant sur des personnages, des vies, des lieux, des hiérarchies locales visibles et invisibles. Dans une chronique sociale où pointe souvent le mépris, l’auteur montre les conséquences à l’aube des années 90 de la politique touristique outrancière de l’Espagne de la fin du XXème siècle sur cet ancien petit port de pêche devenu station balnéaire tout en progressant méticuleusement, méthodiquement vers la catastrophe.

Le choix d’un narrateur ayant vécu, ado, cet été de “chronique d’une mort annoncée” mêlant les souvenirs et les éclairages postérieurs donne une belle tenue au roman, qui sans en avoir la virtuosité, rappelle le très beau “Basse saison”  de Guillermo Saccomanno paru il y a quelques années également chez Asphalte.

“Ce que la mort nous laisse” n’est pas une lecture plaisante. La souffrance, la douleur, les erreurs, les mauvais choix hantent toutes les pages, les faux semblants aussi. Les mères, les femmes, les jeunes filles seront les premières victimes de l’argent sale, des petits monarques, de la came, de la connerie, de la vilenie mais pour les coupables plus dure sera la chute aussi.

Une belle plume, une tragédie ordinaire mais puissante, du noir qui brille. Chapeau bas.

Wollanup.