Three-Fifths
Traduction: Clément Baude.
“Né d’un père noir inconnu, Bobby s’est toujours fait passer pour Blanc. Un soir d’hiver, il retrouve enfin Aaron, son meilleur ami, qui a passé trois ans en prison pour trafic de stupéfiants. Mais les retrouvailles tournent au drame : Aaron agresse sauvagement un jeune Noir, rendant Bobby complice d’un meurtre raciste.
Dès lors, la vie de Bobby bascule dans la tragédie. Il fuit la police qui enquête sur ce crime ; il fuit Aaron devenu son ennemi ; il fuit sa propre identité qu’il ne peut révéler…”
Situé à Pittsburgh en 1995, au moment du procès d’O.J. Simpson, Sangs mêlés est le premier roman époustouflant de John Vercher. C’est un polar, sans nul doute, surtout dans son début et à la toute fin, mais l’intérêt est vraiment ailleurs que dans ces deux déchaînements de violence qui inaugurent et closent une histoire bouleversante.
Les thématiques sont nombreuses, certaines évidentes comme l’identité, le racisme, d’autres apparaissent en filigrane, l’alcoolisme, l’univers carcéral, la pauvreté, l’amour défendu. Le talent, manifeste, de John Vercher tient dans la maîtrise de ses thématiques dans un format relativement court, à sa faculté d’explorer les personnages très humains, imparfaits mais tellement crédibles, à une justesse de son propos qui frôle la perfection, à ces silences pudiques qui valent plus que des faits. Le drame que nous vivons, comme la chronique d’une mort annoncée finalement, est éclairé par des flashbacks qui nous racontent Bobby, sa mère, Robert un médecin qui accompagne les derniers instants de la victime de la folie d’ Aaron, devenu une bête raciste, embrigadé par la fraternité aryenne en prison.
Deux semaines après sa lecture, l’écriture d’un avis à peu près lisible apparaît comme impossible et j’y renonce. Le roman vous travaille bien après sa lecture, révolte par son final dramatique, vous laissant bien seul et démuni avec vos questions, avec vos “et si…”, vous noie de regrets pour les routes possibles non empruntées par Bobby et Aaron. Un roman magnifique, qui risque de vous briser le cœur, à ranger par son humanité, son intelligence et sa plume à côté des précieux romans de William Boyle.
Ne passez pas à côté.
Clete.
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