Troisième apparition dans le polar et dans le catalogue de Sonatine pour Fabrice Colin par ailleurs auteur pour la jeunesse et pour les adultes ainsi que directeur éditorial des éditions Super 8 et scénariste de BD. Tout sauf un débutant et d’ailleurs la lecture de « Jenny » vous fera comprendre que le garçon connaît parfaitement son affaire pour écrire un page-turner particulièrement redoutable.
« Cayucos, Californie. Dans une villa au bord du Pacifique, un homme désespéré se confie. Dans la baignoire à l’étage, le cadavre d’une femme obèse. Comment est-il arrivé ici ? Le moment est venu pour l’homme de raconter son histoire.
Quelques mois plus tôt… Après la disparition de son épouse, le journaliste Bradley Hayden, détruit, s’étourdit dans des liaisons sans lendemain via un site de rencontres. Un jour se présente une femme qui ne correspond en rien à la description qu’elle a faite d’elle. Jenny, 300 livres, QI redoutable, lui montre une vidéo de son épouse. April est en vie. Elle ne le restera que s’il lui obéit en tout. Dès lors, Bradley est contraint de suivre Jenny dans une épopée meurtrière.
Bradley est pris au piège et c’est son histoire avec Jenny qui nous est racontée au fur et à mesure qu’elle le promène par le bout du nez sur les différents lieux de sa tourmente au cours de sa jeune vie qui a fait qu’elle est devenue ce monstre, cet être, particulièrement abject dans son apparence comme dans son comportement. Elle se raconte et il suit…
Et que peut bien faire Bradley, forcé de suivre la dame dans son équipée meurtrière à travers les Etats Unis? Vindicatif, aux aguets au début, il s’effondre peu à peu tandis qu’elle lui révèle le cauchemar qu’elle a pu vivre. Il s’accroche au mince espoir de retrouver son épouse vivante. A lire ces lignes, on pourrait croire que le démon est femme et que les hommes sont voués à vivre l’enfer mais détrompez-vous, dans leur cavale meurtrière, les deux vont rencontrer de beaux salauds, des ordures de classe internationale. Ceci dit, pas un seul personnage féminin du roman ne provoquera un semblant d’empathie tant l’auteur a eu la dent particulièrement dure avec la gente féminine.
Alors, c’est un roman à conseiller fortement aux gens qui aiment les thrillers qui déménagent. Celui-ci démarrant par une disparition, l’intérêt, la curiosité s’installe dès les premières lignes et le rythme imprimé par Fabrice Colin fait que la lecture se fait en un temps record. Malin, l’auteur joue sur deux époques et petit à petit le lecteur se sent démuni, tombant dans le même piège, la même paranoïa que le héros. Roman se situant en différents coins des Etats Unis des magnifiques Catskills à l’étouffante Californie en passant par Flint la sinistrée, « Jenny » est crédible dans sa vision ricaine et ne se situe pas dans le lot des romans français tentant l’Amérique pour mieux se gaufrer.
Certains seront bien avisés d’éviter de se lier avec une Jenny sur certains sites de rencontres.
Solide et terrible.
Wollanup.
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