Monsieur Pouy à La Noire : comme un parfum de pléonasme ? Et bien non, juste la lapalissade goguenarde de ce début 2022 (V’là les flics, sans doute !). Après quelques monuments pour la Série du même ton monochrome et une constellation de titres pour tous les estimables comptoirs éditoriaux aux teintes mazoutées, voici notre JB catapulté sur l’autre satellite anthracite de la planète Gallimard. De fait, ça change quoi ? Rien, en fait. Rien. Rien de rien. Nib de nib. Si ce n’est un nouveau challenge à honorer dignement, poussant l’auteur à se secouer un peu et revenir à son meilleur. D’emblée le score donc : du grand Pouy, du Pouy comme on l’aime, doux et dur, amer et souriant, la formule qui cogne et celle qui caresse, le mot simple et celui qui impose l’imparable contrepied.
Sur fond de futur post-Covid à portée de main et vaguement apocalyptique, l’auteur anticipe, précipite, milite, parasite, médite, débite, discrédite, excite, suscite, crépite, amanite… Et nous régale. On a même droit en contrepoint à une délicieuse part de pudding électoral : des présidentielles qui approchent, allez savoir, même si toute ressemblance avec des personnages ayant pu exister et nous faire vomir ne saurait être, bien sûr et selon la formule consacrée, que benoîtement fortuite.
Pour l’histoire, Etienne est toujours à la bourre, d’où ce surnom facile, Dogo (Up The Beckett auraient enchaîné dare-dare les Libertines, pied au plancher). On l’attend, sempiternellement. Mais cette fois, il accuse un retard de six mois. Forcément la famille panique. Le pire est en ligne de mire et le mauvais sang irrigue les artères en surchauffe de Simone, la sœur du Dogo en question qui, face à l’inertie des services dédiés aux disparus, décide de prendre les recherches en main.
Sa quête l’emmène d’abord en Italie, son Sud à elle, celui des souvenirs d’enfance et de séquelles d’un passé fraternel commun (On dirait le Sud, la Louisiane ou l’Italie aurait souligné Nino Ferrer), puis dans les Alpes-de-Haute-Provence (Digne dingue donc), et jusqu’à Amiens (Sans pour autant pousser mémère dans les Hortillonnages). Bref… Les déconvenues rodent et l’amertume inéluctable est au bout de l’impasse.
Pendant ce temps, trois Guignols, aussi lyonnais que peuvent l’être Madelon et Gnafron, partent en vrille suite à l’incendie de leur castelet de bazar. Ça crame de partout, jusqu’au Vélodrome marseillais, comme pour appuyer les inutiles illusions que partagent un supporter de l’OM et un supporter de l’homme. Et puisque notre monde de 2022, au mieux 2023, tourne au ridicule, c’est logiquement Guignol qui, au bout du compte, apurera les ardoises.
JLM
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