Ce premier roman de l’Américaine Jax Miller domiciliée en Irlande est un gros succès déjà été traduit en dix langues. Cet engouement international s’explique peut-être par le fait qu’il est facile à lire, passionnant par son suspense continu et par les quelques coups de théâtre imprévisibles rencontrés en cours de lecture qui contribuent à rendre oppressante une atmosphère déjà un peu lourde mais…il y a un mais quand même.
« Freedom Oliver, alcoolique et suicidaire, a passé dix-huit ans à se cacher dans une petite ville de l’Oregon, sous protection du FBI. Hantée par son passé douloureux et la mort brutale de son mari, elle souffre d’avoir abandonné ses deux enfants pour échapper à la vengeance de son beau-frère. En apprenant la disparition de sa fille Rebekah, élevée par un pasteur aux croyances radicales, elle part avec l’énergie du désespoir pour le Kentucky. Après tant d’années à se cacher, quitter l’anonymat c’est laisser à son bourreau l’occasion de la retrouver. Et de se venger. »
Ce n’est qu’un point de détail mais on est toujours un peu dépendant de son patronyme et à moins que ce soit un pseudo, il est logique que l’auteur dont le prénom et le nom sont aussi ceux de marques de bière ait choisi un boulot de barmaid pour son héroïne. Plus sérieusement, après avoir annoncé un « mais », je suis un peu en mal pour exprimer mes réticences qui ne sont finalement pas entièrement miennes puisque j’ai vraiment apprécié la lecture de ce roman qui peut néanmoins irriter le lecteur déjà très familier avec ces histoires de bouseux dégénérés américains.
« Les infâmes » est un thriller à la sauce « white trash » un peu trop copieuse à mon goût. Les stéréotypes et clichés sont tous présents: les différente sortes de flics(les indélicats, les pourris, les écorchés bourrus au cœur tendre), les bikers brutaux, les Indiens à l’ouest amoureux de la nature comme si les six siècles de civilisation européenne subis n’avaient eu aucune prise sur eux, les prédicateurs, les sectes, les trafics d’armes, la came, les serial killers, les femmes battues, les vieillards abandonnés, la famille de tarés… Malchanceuse Freedom qui, en traversant l’Amérique de l’Oregon au Kentucky, ne rencontre que la lie de la société américaine qu’elle côtoie déjà dans son quotidien de barmaid alcoolo. Cela finit par faire beaucoup pour un bouquin qui ne dépasse pas les 350 pages, écrites par ailleurs avec un certain savoir-faire pour un premier roman. Cet excès de clichés heurtera les amateurs de Whitmer et des autres auteurs dont on vous parle quand même assez souvent. Fan des histoires de rednecks, j’ai apprécié néanmoins la lecture, amusé parfois par les clichés inhérents aux différents « relous » rencontrés par Freedom. Bref, il avait été dit à l’époque que « Millenium » était le polar préféré des gens qui ne lisaient pas de polars et j’ai envie de dire que « les infâmes » est le roman « redneck » des gens qui n’en lisent pas mais c’est une manière tout à fait convenable d’ entrer dans ce genre de littérature car ici les excès et épisodes violents sont moins nombreux et moins apocalyptiques que chez Matthew McBride par exemple.
Ainsi selon l’expérience personnelle du lecteur, ce roman sera encensé ou simplement reconnu pour son appartenance à un genre finalement un peu trop à la mode en ce moment. Mais il est peut-être injuste de faire un procès à Jax Miller qui montre son originalité en imposant une femme héroïne dans cette fange masculine où elles ne sont généralement uniquement bonnes qu’à se faire frapper ou violenter. Et si j’ai un très bon souvenir de « Faye » de Larry Brown, rares sont les romans « white trash » où les femmes ont une vraie personnalité et encore plus rares ceux où elles bastonnent. De la même manière, ma trop petite expérience littéraire m’empêche de citer une auteure dans ce genre.
Une héroïne et une plume féminine, voilà assurément deux bonnes raisons d’entrer dans un roman initiatique sur le monde peu reluisant des pauvres types blancs ricains et qui loin d’être anecdotique et malgré certains stéréotypes offre un divertissement de bonne qualité avec une Freedom enragée et déterminée.
Wollanup.
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