Vandam est un gros con de Prague en république tchèque. Son surnom provient de sa fascination pour l’acteur belge dont il a fait sienne la philosophie du corps et autres inepties qui font le bonheur des bêtisiers à chacune de ses interventions. Vandam est peintre en bâtiment, passionné d’histoire militaire qu’il interprète à sa sauce, s’invente des ancêtres germains et même romains.
Il harangue, donne des leçons de vie dans un troquet pourri où se retrouvent tous ses amis à picoler et à s’inventer des vies. Vandam se vante d’avoir été le premier à agir lors de la manifestation pacifique contre le régime communiste en novembre 1989 lançant la « révolution de velours » qui mènera au pouvoir Václav Havel et fera sortir le pays du joug soviétique tout comme d’autres satellites d’Europe de l’Est à l’époque.
« Adolf Hitler m’a sauvé la vie. Je sais ce que tu veux dire. Mais ne dis rien. »
Dès la première phrase de ce long monologue de Vandam qui s’adresse à une personne dont on ignore tout au début, on sait dans quelles eaux dégueulasses on va évoluer, un marécage puant d’ultra nationalisme mélangé à la plus criante des beaufitudes accentuée par l’abus d’alcool bas de gamme et de dope qui tue les quelques neurones survivants de crétins dont les plus lamentables représentants se sont illustrés en marge de l’Euro l’été dernier.
Alors, pourquoi parler de ces abrutis qu’ils soient de république tchèque ou d’ailleurs, pourquoi mettre en lumière ces sombres bouffons, pourquoi vanter une telle littérature au style que certains élèves de l’école primaire railleraient ? Eh bien, le roman est très fort, très surprenant passant progressivement, sans réellement changer de ton de la fanfaronnade crétine à une harangue où se sentent le caractère vain des discours des politiciens, la pérennité du malheur pour des générations que ce soit sous des régimes totalitaires ou des démocraties inféodées à une Europe, idéal sans réalité pour beaucoup d’entre elles.
Et puis la forêt, les ormes…
Et peu à peu, en grattant, on entrevoit une certaine tendresse cachée sous des monceaux de conneries, de testostérone, de grands idéaux stupides échafaudés pour montrer en fait, simplement, qu’on existe. Et puis, finalement, sans éprouver réellement de la sympathie pour Vandam, son histoire prend sens, n’excuse pas son comportement mais le rend plus lisible, n’excuse pas ses outrances mais rend son histoire troublante parce qu’en fait, pour ma part, j’ai ressenti un certain attachement pour ce boulet et son destin terrible.
« Adolf Hitler m’a pas sauvé la vie. Je sais ce que tu veux dire. Mais ne dis rien. »
Rageur.
Wollanup.
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